Le roi sombre : la SF selon Oren Miller

Je vous ai déjà parlé plusieurs fois d’Oren Miller et de ses livres que j’ai beaucoup aimé : Le tyran des songes paru chez EDB et J’agonise fort bien, merci paru chez les éditions de l’Homme Sans Nom. Il me restait donc encore un livre à découvrir de cette auteure et je l’avais justement dans ma PAL numérique alors je me suis lancée !
Le roi sombre d’Oren Miller paru aux éditions HSN

« Maintenant, il faut souhaiter qu’il meure vite. »

Mais les souhaits, par pur esprit de contradiction, se réalisent
rarement et Ed ne meurt pas. Condamné à l’isolement à vie dans la pire
des prisons spatiales pour un crime qu’il n’a pas commis, le jeune homme
agonise lentement et avec beaucoup d’application. Alors que débute sa vingt et unième année d’incarcération, une chose
tout à fait improbable et imprévue se produit : Ed s’évade du seul
endroit dont on ne s’évade pas.


Pour une seule raison. Pour une seule destinée. La vengeance.


Cependant, il est un fait incontestable qu’aucune entreprise de haine,
ou d’amour, ne se déroule jamais comme on le désire. Une espèce de grain
de sable vient toujours enrailler les machinations les plus complexes,
surtout quand elle est semée par des créatures plus insolites les unes
que les autres.

J’avais très envie de découvrir ce premier livre d’Oren Miller publié par les éditions HSN, surtout que pour ce livre, l’auteur s’est frotté à une adaptation assez audacieuse du Comte de Monte Cristo version SF. Bon j’avoue je n’ai pas lu le comte de Monte Cristo qui ne m’a jamais vraiment attiré (mais j’ai du mal avec certain classique). Cependant, le coté SF de l’adaptation me plaisait beaucoup alors pour changer un peu de la montagne de lectures fantasy de ce mois-ci j’ai aimé me retrouver sur une station spatial dans la plaine d’Hypérion.

« Si on passait sur le jargon juridique, l’emprisonnement à vie assorti
d’un complet isolement était donc une condamnation à mort. Ni plus, ni
moins. Mais, dans son cas, ce serait une mort lente d’au moins
quatre-vingts ans, si on comptait sur l’excellent service de soins de
l’établissement pénitentiaire. Le respect des droits fondamentaux avait,
ici, des allures d’instrument de torture, et une bonne vieille
septicémie aurait été plus humaine. Mais comme le lieu de détention d’Ed
était parfaitement entretenu, voire un tantinet immaculé, il avait plus
de chances de croiser Dieu dans sa cellule qu’un microbe. Il
deviendrait donc un vieux dingue en excellente santé. »

Bien sûr ce livre est avant tout une histoire de vengeance et le déroulé de l’histoire n’est pas une surprise mais j’ai beaucoup aimé le style qu’Oren Miller a mis dans la création de son univers SF, de ses décors mais aussi de ses interactions dans ce monde de privilégiés des stations où les plus riches vivent en ignorant les plus faibles. Une belle exploration d’un univers clos où tout est permis pour ceux qui en ont les moyens. La religion, la politique et la justice : toutes ces institutions se croisent et se lient et ce sont leur interactions qui donnent du relief au récit. Bref, un beau mélange de SF, de combat spatiale, d’entité divine et de peuples extraterrestre, assez bien équilibré.

Contrairement aux autres livres que j’ai pu lire d’Oren Miller, on ne retrouve pas ici sa plume si acérée, où les dialogues sont des petits bonbons littéraires. Il manque un peu du tranchant et de l’ironie que j’ai adoré dans le Tyran des Songes. Mais le style SF ressemble également peu à ses autres livres et pourtant je l’ai trouvé riche et intriguant. J’ai aimé l’approche antagoniste station/planète et particulièrement le microcosme que représente chaque station et qui cache perversion, manipulation et corruption. Cependant, la vraie réussite réside, comme souvent dans les livres d’Oren Miller, dans les personnages que nous présente l’auteur. On s’y attache, on les déteste ou on les apprécie  mais aucun ne laisse indifférent : charismatique, arrogant, fier ou loyal,  le roi sombre est une belle galerie de personnages qui portent l’histoire efficacement.

« — Tu te fais trop de soucis, coupa Claudia. Après ce genre de drame,
c’est normal qu’un grand ménage ait lieu. Alister dit que c’est pour
assainir la société. Elle se purge après avoir été blessée. Sa manière à
elle de se soigner, tu comprends. Je trouve que tout ceci est plutôt
rassurant.
— Comment ça, « rassurant » ?
— Eh bien, pontifia
Claudia, ça prouve que le système fonctionne. Si Ixion peut faire tomber
un sénateur de l’envergure d’Arènes, cela veut dire qu’aucun privilège
ne met à l’abri, et qu’en cas de graves dysfonctionnements la station
sait se défendre. Pour un politicien véreux, combien ont du talent et de
l’ambition ? Je souhaite, pour ma part, que ces arrestations se
multiplient. Cela renouvellera les acteurs de notre politique. »

Une bonne adaptation d’un classique dans un univers SF maitrisé où il ne manque qu’un peu de la plume si décapante qu’Oren Miller a su développer dans d’autres de ses livres. Cependant, sa plume reste efficace et les personnages restent le gros point positif du roman et certains m’ont particulièrement touché : la vengeance ne fait pas de compromis et rafle beaucoup de monde au passage, c’est là un beau moment d’émotion du roman. Je trouve l’intrigue stylée dans un univers étrange mais également reconnaissable tant il peut nous faire penser à des situations actuelles. Un bon moment de lecture pour une adaptation percutante!

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