Jardin d’hiver d’Olivier Paquet : Entre technologie et écologie

Sorti fin Aout 2016, j’avais tout de suite été attirée par la magnifique couverture de Jardin d’hiver d’Olivier Paquet réalisée par Aurélien Police. Pour moi, une des plus belles de l’artiste. Je trouve, comme toujours, que la couv’ illustre très bien et le roman et son atmosphère. Une réussite. Bien sûr je ne mettais pas arrêter à la couv’ et j’avais également trouvé le pitch tentateur et original !

Dans le contexte du réchauffement climatique, un conflit est né en Europe entre des ingénieurs réunis sous la bannière du Consortium et des groupes écoterroristes de la Coop. Cette guerre dure depuis près de 20 ans, suite à un incident appelé « le crime du siècle ». Chaque camp a développé ses propres armes : des animaux-robots pour les ingénieurs, des plantes mécanisées pour les écologistes. La Tchaïka, que pilote Natalia, abrite une bande de cosaques qui récupèrent des pièces détachées après les combats et dont la philosophie se résume à cette maxime : « Nous sommes des contrebandiers, des gens qui refusent d’appartenir à un camp au nom de notre choix d’emmerder le monde. » Un soir, sur un champ de bataille, ils tombent sur un inconnu amnésique au comportement étrange. Cette découverte leur fera traverser l’Europe à la recherche du passé de l’homme qu’ils ont accueilli et des germes du futur. 

Dans un avenir proche, le dérèglement climatique a entrainé une guerre civile en Europe qui va voir s’affronter pendant de nombreuses années deux groupes ayant des vues totalement différentes : d’un coté le Consortium composé essentiellement d’ingénieurs et de l’autre la Coop regroupement de groupuscules écologistes extrémistes. Les ingénieurs, très organisés au sein du Consortium autour d’un comité et de Sublime, une IA développée pour les soutenir, ont utilisé au maximum les ressources naturelles pour développer son armement. Ils ont notamment créé des daemons, robots ultra perfectionnés se présentant sous forme animal et permettant à chaque soldat d’avoir un compagnon de combat. De l’autre coté, les écologistes organisés en groupe très disparates chacun avec son propre objectif, ont transformé les plantes pour en faire des armes de guerre : hêtre, bouleau ou gentiane sont autant de dispositifs de mort sur le champ de bataille. Et finalement au milieu des deux camps des pilleurs d’épaves ou contrebandiers qui vivent (ou survivent) au conflit en pillant les épaves des vaisseaux du consortium tout en essayant d’éviter les pièges végétales de la Coop.

Difficile de résumer en quelques lignes cet univers complexe inventé par Olivier Paquet. La géopolitique, le idéologies extrémistes ou pacifistes, l’évolution artificielle, humaine et végétale… ce récit regorge de sujets de réflexion sur l’avenir de l’Europe mais aussi sur celui du climat et de la technologie… Ce qui ces derniers jours est vraiment d’actualité. Le thème de l’évolution est traité ici de manière originale et peut être un poil cynique. L’idée que chaque forêt ou chaque plante puisse représenter un danger mortel me fait froid dans le dos. L’auteur nous montre à quel point l’extrémisme même écologiste peut mener à une guerre dont les origines semblent justes mais qui en devient absurde avec le temps. Entre récit d’anticipation et dystopie, le guerre civile en Europe à emmener avec elle la plus part des pays de la Scandinavie aux limites de la Turquie. L’Afrique apparait alors comme un El Dorado pacifiste plus que tentant pour ceux qui veulent fuir l’Europe et sa guerre interminable. Belle ironie dans le monde actuel non ?

Comme tout one-shot contenant un récit d’anticipation, on regrette parfois de ne pas avoir une vue plus globale de l’avenir de la planète, c’est parfois un peu frustrant mais cela fait également travailler efficacement l’imagination du lecteur qui cherche à combler les manques notamment sur l’avenir de l’Amérique ou de l’Asie. J’avoue également que les personnages servent très bien l’histoire mais ne sont pas particulièrement attachants. Je dirais plutôt intriguant dans leur manière de survivre dans ce monde, de choisir leur camp ou leur cause… on est plus intéressé par ce qui les a amené là que par les personnages en eux même. Il faut dire que l’auteur n’est pas tendre avec les relations humaines dans ce conflit où les mariages sont d’intérêt et les enfants des variables d’ajustement à la politique car pour une cause, qu’est ce qui ne doit pas être sacrifié ? Un récit qui reste assez noir et où les choix de quelques personnes changent la face d’un continent, c’est dérangeant mais la réflexion semble nécessaire et finalement le parallèle avec l’actualité l’a rend indispensable.

Au final, un récit d’anticipation qui m’a offert un bon moment de lecture et m’a fait beaucoup réfléchir. J’ai été impressionné par la complexité de le situation politique que nous propose Olivier Paquet en Europe. Une guerre civile entre ingénieurs et écologistes extrémistes le tout sur fond de progrès technologiques impressionnants. Un livre plein de réflexions sur notre avenir et sur les choix que nous devons faire entre technologie et sauvegarde de l’environnement. Ce que j’ai aimé c’est qu’Olivier Paquet ne prend pas partie, ce récit n’est pas particulièrement écologiste dans l’âme, il nous montre simplement les dérives de l’extrémisme à outrance même avec les meilleurs idées à la base comme la sauvegarde de l’environnement. Une lecture d’actualité !

Je remercie beaucoup Audrey Burki pour ce SP, je suis ravie d’avoir découvrir un nouvel auteur !

2 commentaires

  1. Bon, à rajouter dans la wish-list et à lire après "le château des millions d'années" ^^

  2. Voilà donc une autre confirmation que la SF peut servir la réflexion écologique : scienceshumaines.com/la-science-fiction-au-secours-de-l-ecologie-entretien-avec-yannick-rumpala_fr_32101.html

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