Résolution de Li-Cam

Lors de la soirée de lancement du #moisdelimaginaire chez Babelio, j’ai réussi grâce à Nelly Chadour et Ketty Steward à adopter le dernier exemplaire du nouveau roman de Li-Cam paru début Octobre chez La Volte. J’étais joie !
 

 

Avant l’effondrement, il y avait la haine, l’égoïsme et la quête effrénée du profit. Les rivalités ont fait surgir des Intelligences Artificielles militaires capables d’attiser les discordes et de submerger le monde sous des avalanches de rumeurs et de fake news. C’est durant ce cataclysme que Wen rédige Le Monde selon Wen, un blog prophétique, exutoire à ses angoisses, qui attire l’attention d’une équipe de chercheurs.
Personnalité complexe, socialement inadaptée quoique capable de modéliser les interactions humaines, Wen participe à la fondation d’une société, l’Adelphie, sur une ile au large de Saint-Pierre-et-Miquelon. Avec, au cœur de cette harmonie, une IA nommée Sun dont la bienveillance rayonne sur les trois cents Adelphiens.

Bienvenue en Adelphie. Communauté indépendante et autosuffisante créée sur un ilot proche de Saint-Pierre-et-Miquelon lors de l’Effondrement. Société utopique, l’Adelphie s’est fondée sur les principes développés sur un blog : Le monde selon Wen. Dans un monde devenu absurde, les Adelphiens tentent de créer une nouvelle société basée sur un modèle de vivre-ensemble redéfini et des innovations osées notamment en création d’énergie, le tout chapeauté par un IA bienveillante, le cœur de cette utopie. Comme un nouvel espace à vivre, cette bulle de civilisation dans un monde en dissolution est un nouvel espace de liberté : un nouveau départ fragile mais audacieux où chacun espère laisser derrière lui une vie devenue inepte.

 

« L’Utopie des uns et la Dystopie des autres »

 

 

Résolution est une novella entre utopie et récit post-apocalypse. Li-Cam nous présente Wen, génie socialement inadapté mais capable de comprendre et de modéliser les interactions humaines. Wen est un personnage étrange, brillant et quelque part assez irréel. Pouvoir comprendre dans son ensemble les interactions qui régissent les sociétés humaines mais être incapable d’interagir soi-même avec d’autres personnes c’est au final assez ironique.

 

– Je ne me suis jamais sentie quoi que ce soit.
– J’ai beaucoup de mal à me le figurer.
– J’ai toujours eu l’impression que les gens jouaient un rôle, un personnage qu’ils s’étaient inventé. Un jour, j’ai même pensé qu’ils collectionnaient des étiquettes à se coller sur le front, des trucs comme la nationalité, le sexe, la profession des parents, leur couleur préférée, le ombre de dollars sur leur compte en banque, leur star favorite, la marque de leurs vêtements, Apple ou PC, des idées plutôt que d’autres… J’ai essayé de faire comme eux, mais toutes ces étiquettes me démangeaient, elle m’empêchaient de voir et de comprendre. Elles m’empêchaient d’être.

 

Mais Wen est à sa façon une visionnaire, capable de créer une multitude de monde, elle sera à l’origine de l’Utopie adelphienne : aussi bien humaine qu’informatique. L’autrice nous présente son personnage et son propos à travers un texte à plusieurs dimensions comme l’esprit de Wen. J’ai été un peu déroutée par les tours et les retours du récit mais au fur et à mesure que se dessine l’Adelphie, Sun et les dernier jours de notre monde avant l’Effondrement, on passe outre la forme du texte pour en tirer le maximum d’informations. C’est un texte fort dans lequel transparait la futilité de la société actuelle et la lueur d’espoir qu’il peut encore rester aujourd’hui en créant soi-même un monde basé sur d’autres principes, d’autres rapports aux autres.

 

J’ai vu le monde s’embraser pour des raisons farfelues. La haine des femmes, des Noirs, des juifs, des Arabes, des homosexuels. Pour avoir eu le temps de la modéliser, – des années à la scruter, à tenter de la comprendre -, je suis en mesure d’avancer que la haine est le dernier rempart des faibles. La haine n’est qu’un mécanisme de défense contre une sensation d’invasion, elle traduit l’impossibilité de s’adapter, d’intégrer la différence dans un système de valeurs trop étroit, trop rigide, infiniment fragile.

 

Encore une fois, Li-Cam nous propose un texte profondément humaniste. Elle passe au crible d’une plume lucide la société actuelle et ses défauts. C’est à la fois dérangeant et captivant. Un texte pour nous parler de nous, souligner nos dérives et montrer qu’un autre chemin est possible. Un beau texte, qui comme Cyberland avant lui nous parle de nous !

 

Le bonheur, ce n’est pas manquer de rien, c’est n’avoir besoin de rien de plus.
 

 

 
 

4 commentaires

    • C'est vraiment un beau texte, un peu dur de rentrer dedans au début mais j'aime beaucoup les idées qu'il véhicule 😉

    • Perso j'aime beaucoup sa sensibilité !
      J'ai lu Résolution juste après Les machines fantômes d'Olivier Paquet et je trouve que les deux textes se complètent très bien : deux visions différentes (mais complèmentaires) des IA 😉

Laisser un commentaire