Un reflet de lune d’Estelle Faye

Si vous lisez le blog de manière régulière, vous devez savoir qu’il y a un genre de la SF que j’apprécie particulièrement : Le Post-Apo. D’ailleurs, j’avais fait un article sur ce style de SF : Post-Apocalypse : 5 livres lus – 5 livres à découvrir. Dans cet article, on parle donc post-apo avec la suite d’Un éclat de givre : Un reflet de lune d’Estelle Faye.

Paris, un siècle après l’apocalypse. La capitale est plongée dans les pluies de printemps et Chet, dans une affaire qui le dépasse. Des sosies apparaissent pour lui faire porter le chapeau de crimes dont il est innocent. Du lagon du Trocadéro au repaire lacustre des pirates de la Villette, Chet arpente les bords de la Seine en crue à la recherche de ces mystérieux doubles, autant que de lui-même.

A ma manière, je dresse une barrière invisible entre eux et moi, impalpable mais aussi réelle que celles qui les protègent du monde extérieur. Je leur donne mes notes mais non mes émotions, ma présence mais non mon regard. Je les défie avec les morceaux les plus complexes de mon répertoire, des vocalises virtuoses, des jeux sur des rythmes plus osés encore que le décolleté de ma robe. Ils peuvent profiter du spectacle et me reluquer tant qu’ils veulent. Ils n’auront jamais vraiment ma voix.

Une suite inattendue mais qui m’a tout de suite emballée tellement l’atmosphère d‘Un éclat de givre m’avait plu. Et j’ai été contente de retrouver Chet dans ce Paris post-apo si particulier et si graphique que nous décrit l’autrice. Dans ce second tome, on retrouve beaucoup des éléments qui m’avaient plu dans le premier : l’univers post-apo, le personnage de Chet et ce Paris décrit comme une multitude de communautés aussi passionnantes les unes que les autres. Il faut dire qu’Estelle Faye montre tout son amour pour Paris à travers une version post-apo, riche et troublante. Un micro-cosme avec ses règles, ses rêves et ses devoirs.

On retrouve Chet quelques temps après les aventures d’Un éclat de givre. Un nouveau spectacle à succès avec son pianiste et en mauvaise position comme il se doit. Paris n’a que peu changer si ce n’est que la canicule précédente à laisser place à des pluie torrentielle et ininterrompue qui semble vouloir noyer la capitale tel le déluge décrit dans la bible. Et sans grand étonnement, Chet se retrouve au milieu d’une tempête qui secoue la capitale sans savoir vraiment d’où elle vient ni qui en profite.

Thaïs. Son nom s’incurve en lettres Arts Nouveau sur les affiches que la pluie délave, le long des quais des bouquinistes, derrière les vitres des boutiques obscures dans les rues du Quartier Latin. Ses courbes fluides se devinent en traits souples d’encre de Chine sous les longs plis lie-de-vin de sa robe, qui s’évasent en corolle à ses pieds. Des entrelacs d’un jaune sombre, évoquant des passiflores et des lys, lui offrent un écrin plus qu’un cadre.

Un scénario très semblable à celui d’Un Eclat de givre, pour ce nouvel opus, le jazz en moins. Et pourtant, j’ai moins aimé ce second tome. C’est surtout le rythme du récit que j’ai trouvé très inégal et à la moitié du roman je me suis ennuyée. La deuxième moitié du roman est plus rythmée et les évènements s’enchainent mieux mais je garde l’impression de ne pas avoir compris ce que faisaient les personnages pendant la première moitié du récit. Et pourtant, le Paris pots-apo d’Estelle Faye est toujours aussi attirant.

A la fois graphique et mystérieux, foisonnant et effrayant, c’est l’énorme plus des deux romans. Je trouve que cet univers serait particulièrement adapté à une adaptation en bande dessinées. Chet reste quand à lui, un des personnages qui m’a le plus marqué ces dernières années, à la fois libre mais enchevêtré dans les tumultes de la vie parisienne, un personnage particulièrement attachant.

Un second tome avec des défauts mais dont l’atmosphère post-apo et le personnage de Chet rende la lecture sympathique. En plus, les éditions ActuSF nous propose une très belle édition en hard cover sublimée par un très beau travail graphique. Un univers à découvrir.

7 commentaires

  1. j’ai eu la même sensation que toi sur l’intrigue. Pas tout saisi effectivement, qui fait quoi, pourquoi…
    ça n’enlève rien à la qualité de l’écriture de ce Paris post apo vraiment beau.
    Je me laisserai tenter par un 3eme tome s’il y en avait un 😊

    • Je ne pense pas qu’il y aurait de troisième tome. L’autrice a expliqué qu’une page se tournait avec ce second tome (qui n’était déjà pas prévu)…
      Bon perso, je trouve qu’une adaptation BD serait top XD

  2. On est d’accord, c’est essentiellement un roman d’ambiance. L’intrigue est anecdotique et pleine de défauts. Mais Chet et Paris sont formidables.

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