En aparté avec Oren Miller

Comme vous avez pu le lire sur le blog, j’ai eu un (énorme) coup de cœur pour Le tyran des songes d’Oren Miller paru hier aux éditions EDB. C’est le troisième livre publié de l’auteur et c’est clairement une nouvelle réussite. 
Tout d’abord, une petit présentation de l’auteur, emprunté sur le site des éditions de l’Homme Sans Nom :
Juriste de formation, Oren Miller s’est très tôt échappée dans des
mondes imaginaires qu’elle décide de mettre par écrit en 2009 avec ses
premiers romans. Son terrain de jeu favori reste l’adaptation des grands
thèmes de fiction et l’exploration des émotions humaines à l’aide d’une
plume colorée et bien taillée en pointe, offrant des montagnes russes
émotionnelles parfaitement maîtrisées.
Vous pouvez la suivre sur sa page facebook
Tout ce blabla pour vous dire qu’Oren Miller a très gentiment accepté de répondre à quelques unes de mes questions sur Le Tyran des Songes  (et plus parce que je suis curieuse). Attention c’est parti !!

Par rapport au Roi Sombre et à J’agonise fort bien, merci, quand avez-vous écrit Le tyran des songes?

J’ai écrit le Tyran des Songes presque deux ans avant le Roi sombre. J’étais en recherche d’un éditeur et j’avais vu un concours qu’organisait Hachette. Lorsque j’ai soumis ma candidature, j’ai eu un contact avec les éditions de l’Homme sans Nom qui connaissaient déjà quelques-uns de mes écrits. Nous avons alors échangé et je lui ai fait part de mon envie d’adapter mon roman préféré, le Comte de Monte-Cristo. Il a été emballé et je suis partie sur le Roi Sombre. Puis j’ai enchainé avec J’agonise fort bien, merci et, entre temps, n’ayant pas remporté le concours, le manuscrit du Tyran dormait au fin fond de mes fichiers Word.

L’histoire du tyran des songes commence en Bretagne puis se poursuit à Londres. Pourquoi avez-vous choisi cette ville ? Un lien particulier avec elle ?

Il y a vingt-ans, j’ai fait un voyage d’études à Londres et je suis littéralement tombée amoureuse de cette ville. Et depuis, cette histoire d’amour n’a fait que croître. Je ne saurais dire pourquoi, dans la mesure où j’ai eu la chance de voir beaucoup d’autres villes d’autres pays vraiment extraordinaires, mais Londres a une place particulière dans mon cœur. Quand je me promène dans ses rues, il se passe quelque chose, comme une connexion. J’y vais très régulièrement pour nourrir mon inspiration et ça marche à tous les coups, je reviens toujours avec plein d’idées. Je crois que tous mes romans ont une référence à Londres. Je suis sûre que si je creuse, même le Roi sombre doit contenir des références cachées.
Si mes racines n’étaient pas profondément ancrées à Lyon, je m’installerai là-bas sans hésiter.

On retrouve un peu de Jack Maubrey dans Evariste (personnage principal de J’agonise fort bien, merci) ou inversement. Est ce des personnages que vous affectionnez particulièrement ?

Sans aucun doute. Ces personnages, par leur côté acide sarcastique et finalement assez désinhibé socialement me permettent une grande liberté dans l’analyse de la société. En fait, je crois qu’ils sont ma voix dans le roman. J’ai naturellement une plume acide et corrosive. Il y a énormément de thèmes de société qui m’interpellent en bien ou en mal. Même quand je n’écrivais pas encore de romans, je rédigeais des articles de société chaque fois que quelque chose démangeait ma réflexion. Ces types de caractère me permettent de distiller mon analyse sur des sujets qui me tiennent à cœur. Et quelle jouissance d’être dans le politiquement incorrect !
Bien sûr, comme je suis une accro du dialogue, le sarcasme et l’ironie sont aussi des armes redoutables pour rendre les répliques piquantes et rythmées. Je pense que le Tyran annonce la future orientation de mon écriture. Le Roi Sombre est beaucoup plus un ovni dans mon travail d’écriture, en grande partie parce que même si c’est une adaptation très libre de l’histoire originale, j’ai quand même repris la trame et les grands thèmes. Donc j’étais un peu « contrainte ».

C’est vous qui avez réalisé la couverture du tyran des songes qui est superbe, ainsi qu’un dessin de Jack (très réussi aussi). Avez-vous pensé à illustrer vos romans avec quelques planches de vos dessins intégrés au livre ?

Merci beaucoup du compliment, ça me fait vraiment très plaisir. En fait, j’ai toujours fait un gros complexe d’infériorité en ce qui concerne mes dessins. Donc, j’en fais très peu et je les montre encore moins, pas peur viscérale du jugement. Les éditions EDB ont vraiment beaucoup insisté pour qu’une de mes illustrations servent de couverture. Je crois que j’ai dû leur répéter au moins un million de fois « vous êtes sûrs ? Vraiment sûrs ? Genre sûrs comme le fait que la terre soit ronde et pas plate ? », je ne sais pas comment ils ont fait pour me supporter.
Au départ, j’ai réalisé ces illustrations pour « colorer » un peu mes publications facebook et les rendre ludiques parce qu’une copie d’écran Word, ça n’est pas franchement très glam. Mais ça reste une énorme source de stress pour moi, dès que je sais qu’un de mes dessins va être publié. Je ne suis absolument pas objective sur ce travail. Pour ce qui est de les intégrer aux livres, en fait, il s’agit d’une décision éditoriale et j’imagine que cela a un coût. Donc parfois, ils le font et d’autres fois pas. Dans la box, ils ont reprographié plusieurs autres illustrations que j’ai faites aussi.

Un roman de SF, un roman entre enquête et folklore et un dernier de style fantastique : est ce que vous vous sentez à l’aise avec tous ces styles ?

A l’aise, je ne sais pas, mais ce qui est sûr, c’est que j’aime tous les styles. En fait, pour être honnête, le genre ne compte pas beaucoup pour moi. Je suis une conteuse. Je raconte simplement une histoire, peu importe qu’elle se passe dans l’espace, ou qu’elle parle d’une enquête ou de la Mort. J’essaye juste d’emmener le lecteur quelque part. Je lui fais faire un petit tour dans mon univers, je lui montre le paysage, je lui fais rencontrer des personnes, des plats, je lui fais écouter de la musique et sentir des odeurs. Je me vois un peu comme un tour operator et peu importe la destination, tant que je réussi à rendre heureux le lecteur pour qu’à la fin du livre, il se dise « j’ai adoré voyager avec cette compagnie ! ».
Plus généralement, et je sais que ce n’est pas forcément le discours d’une certaine partie de la profession, je pense qu’il n’y a pas de sous genre ou de mauvais genre. Je pense qu’il n’y a que de mauvaises histoires.
Maintenant, je vais être franche, il y a des genres dans lesquels je m’amuse plus. Clairement, le thriller/polar a ma préférence.

Et pour conclure, par pure curiosité, pourquoi la mort est-elle allergique à l’alcool ?

Parce qu’une Mort saoule, ça ne serait pas sérieux. Imaginez-là se tromper de cible, confondre les adresses, ce serait l’anarchie complète ! L’univers a bien fait les choses.
C’est d’ailleurs pour cette raison que la Mort est aussi allergique à la plage, parce que la Mort en tongues et caleçon de bain, ce ne serait pas sérieux non plus !

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