Le problème à trois corps de Liu Cixin : SF en provenance de Chine

C’est en me baladant sur le blog Un papillon dans la lune que j’ai croisé pour la première fois Le Problème à trois corps de Liu Cixin. J’ai été très intriguée par la couverture avec cette grande antenne qui mange la moitié du ciel et par le fait que l’auteur de ce livre de SF qui a eu le prix Hugo 2015 du meilleur roman soit chinois. La superbe chronique d’Un papillon dans la lune m’a définitivement convaincue de tenter l’aventure.
Le problème à trois corps de Liu Cixin paru chez Actes Sud

Le problème à trois corps de Liu Cixin est le premier tome d’une trilogie (oui je sais ça se voit pas sur le couv’ mais cette fois-ci j’étais au courant dès le début) de Hard SF chinoise. Comme plusieurs autres blogueurs l’on fait avant moi, je vous déconseille (très très fortement) de lire le 4e de couv’ qui spoile juste l’ensemble de ce tome 1. Perso, je ne l’ai lu qu’à la fin du livre et le spoiler sur l’histoire du livre est énorme… très dommage pour de futurs lecteurs…

Dès les premières pages, l’auteur nous plonge en pleine révolution culturelle chinoise… et waouh, le livre démarre fort niveau émotions. Liu Cixin nous décrit cette révolution aux multiples facettes, tout en nous pointant le sort réservé aux universitaire et scientifiques par les membres de la garde rouge, pour finalement se concentrer sur le sort de Ye Wenjie, fille d’universitaires spécialisés en physique théorique, obligée de fuir Pékin et les folies de la révolution à la mort de son père, pour rejoindre les groupes de jeunes travailleurs en Mongolie intérieur. L’avenir de Ye Wenjie s’annonce sombre dans les remous de la Révolution entre trahison et idéologie, jusqu’à ce que ses compétences en astrophysique théorique deviennent intéressantes pour un des projets top secret du parti de la révolution : Côte Rouge.
« Ces jeunes adolescents enflammés par la fièvre de la Révolution
culturelle s’apercevaient vite que, par rapport à ces terres sauvages,
les plus grandes villes du continent n’étaient en réalité que de simples
bergeries. Leur ardeur frénétique n’avait aucun sens au milieu de ces
prairies et de ces forêts froides et insondables où une giclure de sang
chaud refroidissait plus vite qu’une bouse de vache, et où le purin
avait davantage de valeur que le sang »
Ainsi débute le jeu d’écriture de l’auteur entre le passé et le présent : entre le destin de Ye Wenjie lors de la Révolution culturelle et celui, qui nous est contemporain, de Wang Miao, ingénieur en physique appliqué dans les nanomatériaux qui approché par les militaires concernant le suicide de nombreux scientifiques, va être projeté un peu malgré lui dans une intrigue aux dimensions planétaires. 
En plus de nous offrir un récit SF de haut niveau, Liu Cixin nous fait découvrir l’évolution de la Chine depuis la Révolution Culturelle jusqu’à nos jours d’un point de vue scientifique et idéologique, ce qui est passionnant. C’est une livre exigeant que je vous présente ici, loin du page turner, mais également captivant car le récit de Liu Cixin prend de l’ampleur au fur et à mesure des pages. Comme beaucoup de livres de SF, le récit invite également le lecteur à avoir une réflexion sur l’avenir de l’humanité aux vues des atrocités dont est capable l’espèce humaine ; aussi bien envers ses semblables qu’envers la nature.
Un récit classé « Hard SF » avec pas mal de théories scientifiques abordées : notamment beaucoup de notions d’astrophysiques et de communication, mais pour moi qui reste abordable. Je ne l’ai pas trouvé trop difficile à suivre mais j’ai du mal à me rendre compte s’il en irait de même pour quelqu’un n’ayant pas une formation scientifique. On lit ici une traduction direct du chinois au français et j’ai trouvé la traduction bien travaillée. La plume de l’auteur est facile à lire et à appréhender, c’est une lecture agréable et très recherchée qui m’a très vite transportée.


– Tu devrais célébrer ça, nous avons fait la découverte d’un grand
principe : les lois de la physique restent invariables dans des cadres
spatiotemporels différents. Toutes les théories physique de l’histoire
de l’humanité, du principe de la flottabilité à la théorie des cordes,
de même que toutes les découvertes scientifiques et les réalisations de
la pensée humaine sont à ce jour des sous-produits de cette grande loi.
Comparés à nous, Einstein et Hawking n’étaient que de vulgaires
techniciens.

J’ai beaucoup, beaucoup apprécié cette lecture. Cela fait longtemps que je n’ai pas lu un récit SF aussi bien travaillé et en aussi dépaysant. Liu Cixin nous fait découvrir pas à pas son intrigue et ses personnages, avec un récit qui parle avant tout d’humanité et de son rapport à la science, Le problème à trois corps est un premier tome extrêmement prometteur et accrocheur. Que la suite soit à la hauteur de ce premier opus et je pense que la trilogie rentrera dans le Top de mes lecture SF.

3 commentaires

    • Je suis contente 😉 C'est un très bon livre de SF, ça fait du bien de retrouver cette qualité d'histoire après plusieurs essais pas super convainquant…

  1. Un livre différent de par sa culture. La révolution chinoise vue par un chinois est assez intéressante. Un livre à découvrir…

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