Coup de coeur : Mes Vrais Enfants de Jo Walton

Aujourd’hui, je vais vous présenter un livre dont j’avais beaucoup entendu parler2 auprès d’autres blogueurs et qui m’intriguait beaucoup. J’ai lu des avis très positifs sur le livre mais aussi son auteur et j’avais très envie de me faire ma propre opinion. Cette chronique parle donc de Mes vrai enfants de Jo Walton paru aux éditions Denoël dans la collection Lune d’Encre.
Mes vrai enfants de Jo Walton paru chez Denoël Lune d’Encre

Née en 1926, Patricia Cowan finit ses jours dans une maison de retraite.
Très âgée, très confuse, elle se souvient de ses deux vies. Dans l’une
de ces existences, elle a épousé Mark, avec qui elle avait partagé une
liaison épistolaire et platonique, un homme qui n’a pas tardé à montrer
son véritable visage. Dans son autre vie, elle a enchaîné les succès
professionnels, a rencontré Béatrice et a vécu heureuse avec cette
dernière pendant plusieurs décennies. Dans chacune de ces vies, elle a
eu des enfants. Elle les aime tous… Mais lesquels sont ses vrais enfants
: ceux de l’âge nucléaire ou ceux de l’âge du progrès? Car Patricia ne
se souvient pas seulement de ses vies distinctes, elle se souvient de
deux mondes où l’Histoire a bifurqué en même temps que son histoire
personnelle.
Ce livre m’a tellement touché que j’ai du mal à savoir pas où commencer ma chronique. Je vous le dit tout de suite j’ai pleuré comme une madeleine à la fin du livre, pas qu’il soit particulièrement triste mais je l’ai trouvé extrêmement émouvant.

Patricia est une dame âgée, elle a « presque » 90 ans et se trouve en maison de retraite. Sur sa feuille de soin que les infirmières mettent  quotidiennement à jour, il est marqué « Confuse ». Oui Patricia se sent confuse mais elle se sent aussi partagée entre ses souvenirs. Des souvenirs qui semblent lui venir de deux vie différentes :  dans l’une d’elle, elle a eu 4 enfants, dans l’autre seulement deux, dans l’une elle a été mariée alors que dans l’autre, elle a vécu en concubinage… C’est à partir de cet état de fait, que Patricia va commence à se rappeler son histoire, une histoire qui bifurque en 1949, à la suite d’un choix… une simple réponse à une question, sa vie a pris deux directions différentes, deux vies qu’elle se rappelle, deux vies aussi bien différentes pour elle que pour le monde qui l’entoure…

Ce livre est une uchronie. Personnellement, je n’en ai pas lu beaucoup, la plus connue étant, je pense, le maitre du haut château de Philip K. Dick. Les deux vies que notre personnage principal se rappellent, sont donc toutes les deux situées dans une réalité différente de la notre. C’est un livre de Science-Fiction tout en délicatesses et en références marquantes qui m’a littéralement transporté. La plume de Jo Walton est envoutante. Elle m’a conquise dès les premières pages et m’a littéralement fait voyagé aux cotés de Pat et de Tricia, de la fin de la 2nde Guerre Mondiale aux années 2000.

Ce récit, c’est avant tout une très belle histoire de femme. D’une femme qui à travers les remous de l’histoire, va traverser les époques : les batailles pour l’égalité, l’éducation mais aussi ces périodes difficiles : des privations à la fin de la 2nde GM à la guerre froide. C’est une femme qui verra se dérouler l’histoire et qui y participera à sa manière. L’auteur aborde frontalement ou de manière plus discrète, de nombreux problèmes de société : du droit de vote des femmes au divorce, de la contraception au mariage gay, de la montée du terrorisme à la conquête de l’espace.

A l’été 1969, toute la famille partit pour l’Italie juste après le lancement ultra-médiatisé de la première fusée spatiale européenne; « Nous aussi, on va sur la Lune ! gloussa Bee.
– Mais non, on va en Italie, maman !  » corrigea Flossie.
Pour les enfants, Bee était « maman » et Pat « mum ».

Mais c’est aussi une histoire de mère. Jo Walton nous parle d’éducation, de soutien, d’aider ses enfants à trouver leur voix, de les encourager, de les rattraper lorsqu’ils chutent au cours de leur existence… de l’importance de cette famille élargi où les membres rajoutés au cours de la vie sont aussi importants que ceux qui y sont de droit. Ce sont des tableaux magnifiques, attendrissant mais également durs, car les vies de Patricia ne sont pas tendres chacune à leur façon.

Juste avant le départ de son amie pour Lancaster, Sylvia lui offrit
La femme mystifiée, de Betty Friedan. Tricia accepta le livre d’un air 
dubitatif.  » La libération de la femme, c’est ça ?

– Nous devons gagner notre liberté comme les esclaves avant nous, répliqua Sylvia.
– Mais de quoi devons-nous  nous libérer ?

des salaires trop bas, des enfants, de la cuisine, des exigences de nos
maris. Tu as passé un diplôme, Tricia. Tu n’aimerais pas qu’il te serve
à quelque chose ? »

Ce livre a été un gros coup de cœur. Difficile de faire partager dans cette chronique tous les sentiments que j’ai ressenti au cours de cette lecture. La plume de Jo Walton invite son lecteur au voyage dans les vies de Pat et Tricia, elle nous happe, nous envoute et nous émeut… j’ai eu énormément de mal à lâcher ma lecture une fois commencée. C’est un livre de SF tout en finesse et en délicatesse, un des plus beau que j’ai pu lire ces dernières années. Jo Walton décrit ces vies avec beaucoup d’amour et de pudeur. J’ai été impressionnée par la beauté qui ressort de ces deux vies, de la tristesse qui en émaille le récit également mais surtout des bonheurs très différents et de tous moments plein d’émotion que l’auteur nous fait partager. Un livre magnifique et envoutant que je ne peux que vous inviter à découvrir !

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