❤️ La mort immortelle de Liu Cixin

Cette année, il y avait une parution que j’attendais particulièrement : le troisième tome de la trilogie des trois corps de Liu Cixin. Cet ultime tome : La mort immortelle paru chez Actes Sud clôture une série de Science-Fiction qui, jusque là, m’avait complètement transporté et j’avais hâte de savoir si la fin serait aussi réussie que les deux premiers tomes.

Comme cette chronique concerne le troisième tome d’une trilogie, je ne vous partagerai pas le 4e de couverture de ce tome… ni celui du premier d’ailleurs… car je trouve que le plus de cette trilogie est de s’y plonger sans a priori et les 4e de couverture en dévoile carrément trop pour que le lecteur puisse profiter pleinement de sa lecture !

Un début pour déboussoler le lecteur

Fort des deux précédents tomes avalés, le lecteur qui s’engage dans la lecture de La mort immortelle pense arriver en terrain conquis… et en fait non… Liu Cixin s’amuse à déboussoler complètement ses lecteurs dès les premières pages. Alors que La forêt sombre se terminait sur l’histoire de l’humanité au XXIIIe siècle, l’auteur nous entraine dans le Constantinople du XVe siècle à la veille de la chute de la ville… pour ensuite revenir sur ses pas et recommencer ce nouveau tome à l’ère de la grande crise, c’est à dire au même point que le début de La forêt sombre. Au-delà du coté déroutant, c’est aussi un pari osé de la part de l’auteur de choisir de réécrire une partie de son récit d’un autre point de vue.

Des personnages pour servir le récit : le devoir avant tout

L’auteur récidive avec son choix déjà pris au tome 2 de nous proposer de nouveaux personnages mais, ici en plus, il reprend une bonne partie de l’intrigue du tome 2 via un autre personnage : un autre point de vue – un autre récit – une histoire différente. C’est habilement mené et audacieux car du coup, ce troisième tome se déroule sur une période énorme : plus de six siècles (voire encore plus…) tout en nous révélant une tout autre facette du récit (à l’échelle galactique) découvert dans la forêt sombre.

On comprend bien dans ce troisième tome que ce sont les personnages qui servent le récit et non l’inverse. Un personnage principal et une foule de personnages secondaires avec leur importance sur un chapitre ou sur l’ensemble du livre, impossible de le savoir à l’avance, mais à chaque cas, Liu Cixin choisi de ne développer les personnages que de manière très superficielle, seul 2 ou 3 personnages sont plus développés pour le besoin du récit. Cependant, qu’un personnage apparaisse pour apporter un point de vue de plus dans l’histoire, une avancée technologique, une découverte… tous sont guidés (principaux ou secondaire) par un absolu : faire son devoir. 

Cheng Xi, Luo Ji ou Yun Tianming, les commandants des vaisseaux spaciaux ou les scientifiques du programme escalier, tous les personnages ont comme point commun ce devoir qui guide leurs décisions et finalement leur vie. C’est, je pense, un des points les plus marquants de la trilogie de Liu Cixin : un devoir envers soi, envers la Terre ou l’Humanité qui est omniprésent.

Un récit construit comme une toile

Des chapitres de longueurs différentes, des personnages à foison, des points de vues variés et une histoire qui se déroule en plusieurs points de manière parallèle, le tout offre une fresque grandiose qui force l’admiration par sa structure complexe mais maitrisée. En 850 pages, il y a bien sur quelques longueurs notamment quand l’auteur saute dans le temps et doit ensuite donner des clés au lecteur pour comprendre le nouvel environnement dans lequel il le projette. Mais même si cela casse parfois un peu le rythme de lecture, on ne perd tout de même pas l’intérêt de cette histoire qui est de toute manière en dent de scie (ben oui six siècles tout de même…).


Il était une fois, il y a fort longtemps, un royaume appelé le Royaume sans histoire. Comme son nom l’indiquait, ce royaume ne possédait aucune histoire. Pou un royaume, n’avoir aucune histoire est sans doute la meilleure des choses. Le peuple d’un royaume sans histoire est le plus heureux de tous les peuples, car qui dit histoire dit bouleversement et catastrophe.

Un récit résolument pessimiste

J’avoue que je me demandais en commençant ce tome 3 comment l’auteur allait orienter sont récit. La forêt sombre fini sur une note sombre (justement) : l’espace est une forêt sombre où sont tapis de nombreux prédateurs et l’humanité avec sa vision utopique de la conquête spatiale n’était pas prête à affronter cet environnement. Avec La mort immortelle, Liu Cixin garde ce coté résolument pessimiste : l’espace est fondamentalement une jungle et seuls les plus évolués, ici ceux qui frappent en premier, survivent.

C’est la première fois que je lis un récit de science-fiction qui envisage l’exploration spatiale comme la chose la plus dangereuse pour l’espère humaine (bon après comme j’ai lu peu de récits de Hard SF, ma bibliographie a surement des trous…) on est loin des récit de space opera où l’humanité s’est adaptée à de nombreux environnements presque en claquant des doigts. Ici, l’humanité n’est qu’un grain de poussière dans la galaxie et son coté utopiste voire enfantin la met à la merci d’espèces beaucoup plus agressives. C’est à la fois pessimiste mais aussi très réaliste ce qui en fait une lecture hors normes mais captivante.

Une lecture exigeante, ardue mais passionnante

Là où j’hésitais, avec le problème à trois corps, à mettre la série en Hard SF, avec ce tome 3 il n’y a plus d’hésitation… je trouve cependant cette trilogie plus accessible que d’autres, mais là c’est un avis très personnel que je ne suis pas sure que d’autres partage… Il n’en reste pas moins que j’ai trouvé les théories scientifiques utilisées dans cette trilogie : le voyage à vitesse luminique, les liaisons entres les espaces de dimensions différentes et leur utilisation, le champ noir… judicieusement exploitées pour accrocher le lecteur sans ce perdre dans de trop longues explications. Ceci grâce notamment à des changements de styles narratifs qui casse un récit que l’on pourrait autrement trouver trop ardus tout en étant trop linéaire.

La première fois que quelqu’un observe le monde tridimensionnel depuis un espace en quatre dimensions, il a tout d’abord une révélation : il n’a jusqu’ici jamais réellement vu son propre monde.

Un coup de cœur pour une trilogie de Hard SF exceptionnelle

Au final, c’est un coup de cœur pour cette trilogie qui m’a réconcilié avec le style Hard SF. J’ai trouvé le récit de Liu Cixin captivant et atypique et bien que la lecture de ce troisième tome soit, comme pour les deux premiers d’ailleurs, assez exigeante, il n’en reste pas moins un récit remarquablement original  et passionnant. Vous l’aurez compris, c’est pour moi un des meilleurs récits de SF que j’ai lu ces dernières années, peut être pas accessible à un lecteur de SF débutant mais qui porte ici une vision résolument différente des auteurs de SF anglosaxons. Une originalité culturel que l’on ressent clairement et qui est quelque part très rafraichissante.

6 commentaires

  1. Je n'ai pas lu la chronique en entier pour éviter de m'auto-spoiler, mais elle est notée dans un coin, à voir si je tente un jour ^^

    • Je te conseille au moins le tome 1 qui peut pratiquement se suffire à lui même et rien que pour le dépaysement culturel ça vaut le coup ^^

  2. Peut être que je vais me lancer dans le second tome… enfin quand j'aurais retrouvé un rythme de lecture correct ! 😉

    • Franchement je pense vraiment que ça vaut le coup… par contre il vaut mieux être dans un bon rythme de lecture pour les lire… tu as vu j'ai mis un mois pour le tome 2 et un mois pour le tome 3 😉

    • Je suis pas obligatoirement un bon exemple avec les enfants c'est pas toujours facile de se concentrer sur ce type de lecture… vu comme tu as lu Anatèm à mon avis tu le liras beaucoup plus vite que moi ^^

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