Des livres SFFF au féminin : 5 blogueuses vous parlent de leur coup de 💖

Depuis l’année dernière, j’ai fait quelques articles en invitant des blogueurs à venir parler d’un livre sur un thème donné. Pour le mois de Mars, j’avais prévu de parler féminisme, droits des femmes et égalité homme / femme suite à la journée internationale des droits des femmes. L’actualité ayant été quelques peu bousculée depuis lors, la journée du 8 Mars semble bien loin…   
Cependant, parler de nos lectures et de coup de cÅ“ur reste toujours un bon moyen de penser à autre chose et de trouver de nouveaux livres qui nous inspirent. Cinq blogueuses se sont donc pliées à l’exercice. Chacune à choisi de vous parler d’un livre coup de cÅ“ur écrit par une autrice qui parle des femmes.

Illustration par @garagedeloffre : https://www.instagram.com/garagedeloffre/

Première à s’être prêté au jeu : Yuyine du blog les critiques de Yuyine.

Les heures rouges de Leni Zumas (traduction d’Anne Rabinovitch) chez Presses de la cité (2018)

Roman d’anticipation féministe et engagé, Les heures rouges se déroulent dans l’Amérique de demain où les droits des femmes, notamment celui de l’avortement, sont retirés. Au cœur de cette société, l’autrice nous propose de suivre 4 destins de femmes qui, par la force des choses, vont se retrouver liées les unes aux autres. Ro, professeure célibataire qui aimerait avoir un enfant mais n’en aura bientôt plus l’autorisation sans compagnon masculin, Susan, mère au foyer exténuée qui n’en peux plus de cette existence, Mattie, jeune adolescente prometteuse qui voit sa vie basculer par une grossesse non désirée, et Gin, la guérisseuse accusée de sorcellerie. Cette société glaçante de demain où elles évoluent est malheureusement plus que plausible ce qui rend la lecture poignante. Mais ce qui fait surtout la force de ce roman c’est que Leni Zumas n’impose jamais sa vision des choses mais donne les clés pour faire nos propres conclusions.
Retrouver la chronique complète sur le blog.

Résumé : États-Unis. Avortement interdit, adoption et PMA pour les femmes seules sur le point de l’être aussi. Non loin de Salem, Oregon, dans un petit village de pêcheurs, quatre femmes voient leurs destins se lier à l’aube de cette nouvelle ère. Ro, professeur célibataire de quarante-deux ans, tente de concevoir un enfant et d’écrire la biographie d’Eivor, exploratrice islandaise du XIXe. Des enfants, Susan en a, mais elle est lasse de sa vie de mère au foyer – de son renoncement à une carrière d’avocate, des jours qui passent et se ressemblent. Mattie, la meilleure élève de Ro, n’a pas peur de l’avenir : elle sera scientifique. Par curiosité, elle se laisse déshabiller à l’arrière d’une voiture. Et Gin, la guérisseuse au passé meurtri, la marginale à laquelle les hommes ont décidé de tenir un procès en sorcellerie parce qu’elle a voulu aider les femmes.

Deuxième blogueuse à jouer le jeu : Uranie du blog du même nom.

Les sorcières de la république de Chloé Delaume chez Seuil (2016) puis Points

Le livre de l’évidence et celui qui m’a fait replonger dans la lecture en 2016. Les sorcières de la République est un roman d’anticipation sorti chez les
éditions Seuils en 2016, méconnu jusqu’à sa réédition poche l’année dernière. Entre 2017 et 2020, le pays fut gouverné par une secte féministe puissante qui a bouleversé la France et sa société jusqu’à l’amnésie collective. Le roman relate le procès quelques années plus tard en 2062 et à l’aide d’interventions journalistiques et de témoignage rend compte d’une politique dictatoriale accentuée par une forme « documentaire Â» et réaliste du roman. Les sorcières de la république m’avaient bousculé par son réalisme et sa dimension prophétique. Il met en avant la condition féminine actuelle et ce qui nous pousserait à prendre le pouvoir, mais aussi à imaginer une politique matriarcale en mettant la tête du lecteur dans les problèmes actuels du patriarcat. Un superbe parallèle qui fait réagir ! 

Résumé : Des choses, pas belles, se sont passées, en France, entre 2017 et 2020. Les femmes, par la main de déesses grecques surgies de l’Olympe, ont
pris le pouvoir détenu par les hommes depuis des millénaires. L’Apocalypse, prédite pour décembre 2012, n’a pas eu lieu. Les déesses sont venues se mélanger à la société française. Le Parti du Cercle a imposé ses règles. L’expérience a très mal tourné. Mais comment faire la lumière sur ce règne éphémère et probablement sanglant, alors qu’une amnésie collective a été décidée par référendum au terme de cette page d’histoire, en 2020 ?
Une amnésie appelée le Grand Blanc, approuvée à l’unanimité par la population. C’est pour juger cette douloureuse parenthèse que s’ouvre un maxi-procès dans ce qui fut longtemps le Stade de France et qui abrite désormais le Tribunal du Grand Paris. Nous sommes en 2062. À la barre, la Sibylle, prophétesse de la révolution des femmes. Pièces à conviction à l’appui, elle déroule le fil de sa mémoire, et la généalogie des événements. Petit à petit, on découvre la réalité de ces années très spéciales.

Troisième volontaire désignée : Tigger Lilly du blog Le dragon galactique.

Ada ou la beauté des nombres de Catherine Dufour chez Fayard (2019)

Ceci n’est pas un livre de SF. Mais en fait si un peu. D’abord il a été écrit par Catherine Dufour que l’on connait bien pour sa SF tranchante (Le goût de l’immortalité) et sa fantasy pratchettienne (récemment, Danse avec les lutins). Ensuite, Ada Lovelace est une nana carrément improbable qui a inventé la programmation informatique un siècle avant celle de l’ordinateur. De sa plume incisive, Dufour lui rend un bel hommage en nous contant son histoire ainsi que les affres de la vie à l’époque victorienne, en particulier pour les femmes. Une lecture hautement recommandable pour mettre en lumière une figure féminine qui ne méritait pas de tomber dans l’oubli.
Retrouver la chronique complète sur le blog.

Résumé : Ada Lovelace, fille du poète Lord Byron, est une lady anglaise perdue dans les brumes du xixe siècle. Nous voilà cent ans avant le premier ordinateur, et personne ne se doute que cette jeune femme maladive, emprisonnée dans un corset, étouffant entre un mari maltraitant et une mère abusive, s’apprête à écrire le premier programme informatique au monde. À 25 ans, déjà mère de trois enfants, Ada Lovelace se prend de passion pour les mathématiques. Elle rencontre Charles Babbage, qui vient de concevoir une machine à calculer révolutionnaire pour l’époque. C’est en la voyant qu’Ada a soudain l’intuition de ce qui deviendra l’informatique. Sans elle, pas d’Internet, pas de réseaux sociaux, pas de conquête de l’espace. 

Quatrième participante, Lune du blog Un papillon dans la lune.

Mes vrais enfants de Jo Walton (traduction de Florence Dolisi) chez Denoël (2017) puis Folio SF

Mes Vrais enfants est un roman de Jo Walton. C’est un des rares livres que j’ai lus en VO. L’autrice nous raconte une uchronie personnelle : le point de divergence est un moment de la vie de son héroïne, maintenant en maison de retraite. Le problème, c’est que Patricia se rappelle deux vies : dans l’une, elle a répondu oui à une demande en mariage, dans l’autre, elle l’a refusée. A partir de cette décision capitale, Jo Walton imagine les deux trajectoires de vie de cette femme dans la seconde moitié du XXème siècle. Mes Vrais enfants a été une claque pour moi, en tant que lectrice et en tant que femme. Les deux vies de Patricia sont si dissemblables ! Elles en disent beaucoup sur la condition féminine, le tout au centre d’une magistrale uchronie mondiale que l’autrice tisse en arrière-plan, à partir de ce simple battement d’aile de papillon. Aujourd’hui encore, il m’arrive d’en parler avec les larmes aux yeux en le conseillant ! Féministe, humaniste, incontournable.
Retrouver la chronique complète sur le blog.

Résumé : Née en 1926, Patricia Cowan finit ses jours dans une maison de retraite. Très âgée, très confuse, elle se souvient de ses deux vies. Dans l’une de ces existences, elle a épousé Mark, avec qui elle avait partagé une liaison épistolaire et platonique, un homme qui n’a pas tardé à montrer son véritable visage. Dans son autre vie, elle a enchaîné les succès professionnels, a rencontré Béatrice et a vécu heureuse avec cette dernière pendant plusieurs décennies. Dans chacune de ces vies, elle a eu des enfants. Elle les aime tous… Mais lesquels sont ses vrais enfants : ceux de l’âge nucléaire ou ceux de l’âge du progrès ? Car Patricia ne se souvient pas seulement de ses vies distinctes, elle se souvient de deux mondes où l’Histoire a bifurqué en même temps que son histoire personnelle.

Et dernière blogueuse qui a accepté mon invitation : Lhisbei du blog RSF blog.

Chroniques du pays des mères d’Elisabeth Vonarburg réédité chez Mnémos (2019)

Chroniques du Pays des Mères nous projette dans un futur lointain, bien après le Déclin des sociétés humaines causé par la pollution, bien après le temps des Harems dans lesquels les femmes étaient assujetties aux hommes, puis celui des Ruches, un système matriarcal aussi violent que le précédent. Les Ruches ont donné naissance à une société matriarcale plus apaisée, même si les hommes, en infériorité numérique, restent marginalisés et réduits à leur fonction de géniteur. Nous y suivons la vie Lisbeï, promise à devenir la Mère de Béthely. Sa curiosité, son don « empathique Â» naturel et son infertilité rédhibitoire pour devenir une Mère, la poussent à devenir exploratrice, à la fois archéologue, historienne et aventurière. Les traces du passé qu’elle exhume et analyse la conduisent à remettre en question les croyances fondamentales historiques et religieuses de la société dans laquelle elle vit, ainsi que toutes les normes sociétales qui en découlent. Le travail d’Élisabeth Vonarburg sur la langue et la grammaire avec un passage du masculin « neutre Â» au féminin « neutre » et une féminisation des mots qui l’accompagne incite aussi à s’interroger sur le pouvoir de la langue. On entre dans le Pays des Mères avec ses propres représentations et on en sort bousculé. C’est la marque d’un roman incontournable, à lire absolument. Longtemps introuvable hors du circuit de la vente d’occasion, il est à nouveau disponible aux éditions Mnémos.

Résumé : La stupidité des hommes a jadis ruiné la planète Terre. La sensibilité des femmes permettra-t-elle de la réparer, ou plutôt de la laisser se réparer ? C’est la question que se pose Lisbeï au cours d’une longue vie aventureuse qui va la mener du Pays des Mères, où les sexes vivent séparés, vers un avenir encore incertain où ils parviendront peut-être à se retrouver. Ce beau roman, qui a reçu plusieurs prix (dont, pour sa traduction américaine, le prix spécial Philip K. Dick), réconciliera avec la science-fiction les femmes qui l’ignorent encore. Quant aux hommes, il leur donnera à réfléchir. Passionnément.

Une belle sélection qui j’espère vous inspirera de prochaines lectures. Les cinq livres présentés dans cet article sont disponibles au format numérique.  

Et vous vous avez d’autres coup de cÅ“ur au féminin à partager ?

25 commentaires

    • Merci 😉
      Oui je crois qu'il y a de très très bonnes idées de lecture !

  1. Jamais entendu parler du livre Les sorcières de la république, ça a l'air très intéressant.
    Dans les trois qui restent, 2 sont dans ma PàL. Héhé.

    Merci pour cette initiative, je suis ravie de m'être pliée à l'exercice.

    • Il m'intrigue également surtout que je n'en avais pas entendu parlé…
      J'en ai moi aussi deux dans ma PAL dont le Ada qu'il faut que je lise.
      Merci à toi d'avoir participé 😉

  2. Mon coup de coeur c'est Chroniques du pays des mères, parfait il est déjà dans cette très jolie sélection. Et Mes vrais enfants n'est pas loin derrière ^^.

    • Je crois qu'il n'était pas possible de faire cet article sans ses deux romans !
      Bon perso, je dois encore découvrir Chroniques du pays des mères 😉

  3. Merci encore pour ton invitation! Je découvre aussi Les sorcières de la République et je dois encore lire le Jo Walton. Le reste c'est du tout bon.

    • Oooooh tu as pas encore lu Mes vrais enfants ?? Ce beau moment de lecture à venir 😘

  4. "Mes vrais enfants". <3
    Deux lus sur cinq, un de prévu ("Chroniques du pays des mères", plus d'excuse avec la réédition), ça donne à réfléchir pour les deux autres. ^^

    • Oui hein ^^
      C'est lequel que tu as également lu ? celui de Catherine Dufour ?

    • Exactement, il y a de ça très peu de temps. Et je confirme que c'est une bonne lecture, en grande partie grâce à l'écriture de Catherine Dufour. ^^

    • Il est dans ma PAL !!!!
      Qui vu mon niveau de lecture actuel et le nombre d'ebook offerts risque de prendre des proportions monstrueuses XD

  5. Jolie sélection. Je n'ai lu que Mes vrais enfants mais je plussoie, il est très très bien.

    • Merci 😉
      Je pense que tu peux te laisser tenter par les autres les yeux fermés !

  6. 2 sur 5 de lus, un troisième en wish-list. Coups de cœur au féminin il y en a ne serait-ce qu'en 2019 avec l'ABC imaginaire autrice ^^

  7. Merci pour l'invitation Anne-Laur !
    C'est une belle sélection. La biographie d'Ada par Catherine Dufour et Mes vrais enfants sont tous deux excellents. Pas lu les autres mais ils font très envie aussi.

    • Vous nous avez proposés une super sélection, merci d'avoir participé 😉

  8. King Kong Théorie de Despentes, et Sorcières de Mona Chollet, faudrait que je le relise pour en parler

    • Il faut que je lise Sorcières de Mona Chollet !!
      Par contre celui de Despentes je ne le connais pas du tout, faut que je regarde ça 😉

  9. J'en ai lu 3/5, il me manque Les Heures rouges et Les Sorcières de la république !
    Merci encore pour ton invitation 🙂

    • Merci pour ta participation ! Surtout avec ce livre tellement magnifique 😉

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