Dans cette chronique je vais vous parler d’une rencontre marquante pour moi. Une rencontre entre une lectrice (moi) et une plume absolument divine et exigeante, celle de Jeanne-A Debats, qui m’a surprise et ravie, d’autant plus qu’en commençant un nouveau livre d’Urban Fantasy, je ne m’attendais pas à découvrir une telle plume ni un tel univers.
Depuis le début de l’année, j’ai commencé cinq ou six série d’Urban Fantasy, toutes des séries anglo-saxonnes que j’ai lu en version traduite. Ces séries sont très addictives et se lisent vite. Cependant le plus marquant dans ces séries ce n’est pas le style d’écriture (plutôt français facile) de l’auteur mais plus précisément l’univers choisi par l’auteur (vampire, loups-garous, fées, etc…), les personnages et leurs interactions. Avec Jeanne-A Debats, j’ai découvert un univers d’Urban Fantasy très attrayant mais surtout une écriture sublime où des mots tels que « sourdre », « tarauder », « méphistophélique » ou « fouailler » se mêlent aux « vampire », « sorcier » et « sirène » de cet univers parisien. Bref un régal pour les yeux et l’imagination !
Je m’appelle Agnès Cleyre et je suis orpheline. De ma mère sorcière, j’ai hérité du don de voir les fantômes. Plutôt une malédiction qui m’a obligée à vivre recluse, à l’abri de la violence des sentiments des morts. Mais depuis le jour où mon oncle notaire m’a prise sous son aile, ma vie a changé. Contrairement aux apparences, le quotidien de l’étude qu’il dirige n’est pas de tout repos : vampires, loups-garous, sirènes… À croire que tout l’AlterMonde a une succession à gérer ! Moi qui voulais de l’action, je ne suis pas déçue. Et le beau Navarre n’y est peut-être pas étranger.
Je vais donc vous parler dans cette chroniques de Testament tome 1 : L’Héritière de Jeanne-A Debats aux éditions ActuSF. Entre étude de notaire et cimetière hantés de fantômes et de loups-garous de tout poil, les aventures d’Agnès, demi-sorcière de son état affligée d’une tare qui l’a amené à rester cloitrer chez elle depuis 27 ans, débute à la mort accidentelle de ces parents. Son oncle vient alors la recruter pour l’assister dans son étude notariale peu commune spécialisée dans le suivi des héritages de l’AlterMonde.
Voici le décor peu commun planté de ce premier pas dans l’univers de l’AlterMonde. Autant je suis habituée des détectives privée ou pseudo-enquêtrice, autant une héroïne spécialisée dans les langues anciennes et les actes de succession je trouve ça étrangement rafraichissant. Et puis on oublie un peu l’héroïne super forte que rien n’atteint et qui n’a besoin de personne pour s’en sortir. Agnès, elle, même avec son demi-héritage de sorcière, galère beaucoup. Surtout qu’elle ne peut pas sortir dans la rue s’en voir et ressentir les différents fantômes présents dans la capitale.
Et vous, savez vous combien de personnes sont mortes de mort violente dans toute l’histoire de Paris ? Beaucoup et lorsque l’on rajoute à cela tous les sentiments violents qui arrivent à laisser une trace sur les murs et les trottoirs des différents arrondissement, Paris devient un vrai champ de mine pour une personne capable de revivre cet amoncellement de souvenirs pénibles.
Les environs se couvrirent de vapeurs puantes qui montaient des tombeaux ou sourdaient des pavés ; des spectres de toutes les époques : esprits des morts enterrés ici, émotions violentes qui avaient explosé là, au fil des siècles, noirs chagrins ayant accompagnés les cortèges, haines triomphantes dans le sillage d’un cadavre détesté, ou jalousies mortelles naissant après lui.Une rumeur ronflante, bourdonnante de voix, de sanglots et de gémissements, parfois tranchée par des bribes de chansons sans queue ni tête, emplissait mes oreilles.
Agnès n’est donc pas une super héroïne, et l’arrivée dans sa vie de Vampires canons et de Loups-Garous viriles vont en plus émoustiller ses hormones. Cette héroïne imparfaite, ce qui la rend étonnamment réelle est cela m’a particulièrement plu dans ce récit. Jeanne-A Debats n’hésite sur aucun sujet, la dépendance aux stupéfiant ou à l’alcool, l’attirance sexuel ou les relations de couple à toutes les sauces (si je peux dire 😉 ).
Pas de tabou donc, pour des personnages hauts en couleurs : Navarre le vampire du Vatican, beau comme un Dieu et libéré comme seule l’immortalité peu le permettre, Geraud, l’oncle d’Agnès, notaire et immortel, plutôt à cheval sur la ponctualité, Zalia, Sirène russe et rousse, ayant un attrait particulier pour les jeunes filles à noyer et finalement Thomas, sirène également et avocat, génie dans l’art de ne jamais être au bureau… Voici comment se compose le cabinet de notaire dans lequel Agnès va évoluer. Et les clients seront à la hauteur de ce personnel éclectique.
– Oui, mademoiselle, je suis un vampirrrrrrre !
[…]
Merde, il était magnifique !
Le qualifier de beau ténébreux aurait tenu de l’insulte. Il était plus lumineux qu’une éruption solaire, plus flamboyant qu’une nova : ses cheveux blond chaud, ses yeux d’un bleu profond de mer tropicale, ses traits réguliers de statue romaine, le front haut et le nez droit lui composaient un visage ouvert et franc tout empreint d’une joie de – hum ! – vivre… communicative.
[…]
Ce monsieur Navarre, c’était l’homme parfait de la Renaissance, celui qui s’inscrit, nu et triomphant, dans une étoile à cinq branches sur les esquisses de Léonard de Vinci. Doublé par Alexander Skarsgård.
Je laisse les fans de Trueblood trouver la référence cachée 😉
Reste également une toile de fond assez spectaculaire, riche de faits historiques nombreux et variés sur l’histoire de Paris et sur sa géographie. J’adore avoir une telle toile de fond pour un récit fantastique surtout quand les pointes d’humour de l’auteur nous montre la répartition des créatures fantastiques selon les arrondissements de Paris :
– […] Tous les 11e, 12e, 18e, 19e et 20e arrondissements ainsi qu’une partie de Bagnolet et Montreuil sont sous la coupe des garous. […]
– […]Bon à l’ouest, tu as les vampires, dans les 18e, 16e, 17e arrondissements… Une petite remarque sociologique peut être?
Les vamps sont plus snobs que les garous ? intervint une voix de cuivre chaud et rocailleux issue du Chesterfield.
Au final, un livre d’Urban Fantasy hors du commun, bien loin du style plus formatées des séries anglo-saxonnes (que j’affectionne également). Une écriture que j’ai particulièrement aimé et qui ose un vocabulaire riche et recherché qui m’a ravie. Des personnages atypiques qu’on a envie de rencontrer de nouveau et une plongée historique les dessous de Paris que j’ai adoré. Une expérience à renouveler rapidement !
Yeah, je suis contente que tu l'ai aimé, c'est vraiment un tome très sympa !
J'ai moins aimé le second mais si des suivants sortent un jour je les prendraient surement rien que pour retrouver l'univers !
La seule chose qui m'a moins touchée c'est toute la partie qui est destinée au Parisiens, j'ai eu l'impression de passer à coté de certains trucs, ne connaissant pas du tout la ville ^^ (mais ce n'est pas vraiment important en fait xD)
Un petit ovni dans l'urban fantasy à la française ça vaut le détour 😉 J'avoue que tout la partie historique sur Paris me donne envie d'aller me balader dans les rues avec le bouquin pour me faire une idée encore plus précise de l'ambiance du livre. Même si je connais quelques coins je ne suis pas assez parisienne pour reconnaitre tous les lieux mentionnés !
Bonjour! J'ai découvert ton blog il y a peu et j'aime beaucoup 🙂
J'hésitais à acheter ce livre mais ton avis me donne vraiment envie! Il va bientôt être acheté je pense ^^
Merci beaucoup, ca me fait super plaisir 😀
J'ai adoré la plume de Jeanne-A Debats et puis de l'urban fantasy à la francaise qui sort vraiment des sentiers batus c'est assez sympa pour valoir le détoure. J'espère que tu passeras un bon moment de lecture !
Voilà moi je l'ai fini il y a quelques jours et ce fut une lecture très plaisante. Les personnages sont sympa à suivre, le cadre est sympa.
Une lecture où perce aussi l'engagement de l'autrice sur certains sujets. J'ai aimé et je vais me faire la suite dans la foulée ^^
(bel avis)