Le Paradoxe de la Lumière de Francis Guévremont

Je suis toujours attentive aux parutions des éditions Aux forges de Vulcain. Je sais d’expérience que cette maison d’édition à la signature graphique très reconnaissable aime mettre en avant des romans singuliers et des plumes qui le sont tout autant. C’est donc avec beaucoup de curiosité que j’ai vu paraitre fin Septembre dernier Le paradoxe de la lumière de Francis Guévremont et je me suis laissée tenter.

Le laboratoire de Judith Durancy a disparu… et Judith avec. Daniel s’est réveillé comme tous les matins, pour trouver dans son jardin les ruines de ce qui était l’atelier de son épouse. Il ne trouve aucune explication à cet étrange incident, mais surtout, il se rend compte qu’il n’a aucune idée de ce sur quoi elle travaillait.Après avoir appelé les secours, c’est une agente des services secrets qui se présente au domicile des Durancy. Son cas, paraît-il, intéresse le gouvernement. Dans les décombres du laboratoire, Daniel trouve une clé USB avec un journal intime, qu’il décide de garder pour lui. Il doit confronter le néant laissé par la disparition de sa femme, et faire face aux secrets que cet incident a dévoilés. Il découvrira alors la vie secrète de Judith, dont les découvertes scientifiques pourraient changer l’avenir de l’humanité.

Le paradoxe de la lumière est le premier roman de Francis Guévremont. C’est un court one-shot de science-fiction (moins de 200 pages) qui commence avec la disparition soudaine et inexplicable de Judith et de son laboratoire. Judith et Daniel sont mariés et habitent une propriété qu’ils ont rénové en pleine campagne française. Elle comprend à la fois leur résidence et le laboratoire de Judith. Et en pleine après-midi, pouf… une partie du laboratoire ainsi que Judith disparaissent. Daniel complètement hébété ne comprend pas ce qui s’est passé, ni où a bien pu aller sa femme… tout comme son laboratoire et une partie du chêne centenaire devant la maison.

Daniel Durancy se préparait une tasse de thé quand retentit soudain une violente explosion, comme un coup de tonnerre qui aurait éclaté juste à côté de la maison, mais plus perçant. On aurait dit qu’une partie du monde venait d’être arrachée.

Est ce que l’on peut parler de slow SF ? La paradoxe de la lumière est un roman de science-fiction qui nous conte une histoire de famille. Le récit d’un homme qui perd son épouse et qui découvre petit à petit que cela fait longtemps qu’il était seul et que lui et sa femme vivaient des vies différentes dans la même maison… Francis Guévremont donne plusieurs rythmes à son roman : il y a ce rythme lent de Daniel qui a une vie quotidienne très routinière (beaucoup de tasses de thé ont été bu en 187 pages) et le rythme de l’enquête sur la disparition de sa femme, plus vif. A plusieurs moment, lorsque c’est deux réalités se percutent, c’est l’équilibre du récit qui change : plus lent ou plus rapide.

Alors certes, en 187 pages, tout n’est pas hyper développé et les thématiques sont parfois seulement évoquées mais j’avoue aimé ces romans qui laissent une certaine place à mon imagination et là rien qu’avec le background entrevu sur la situation de la France, mon imagination a marché à fond. Les thèmes abordés ne sont pas nouveaux non plus : c’est avant tout l’histoire de ce couple qui cohabite sans vraiment savoir ce que fait l’autre tout en se connaissant très bien, qui m’a accroché. Et le début, et la fin… car franchement je ne m’attendais ni à l’un ni à l’autre.

Je n’ai pas encore les preuves, et ce n’est pas moi qui ferai les démonstrations mathématiques – je laisse cette corvée à quelque vulgaire tâcheron qui en fera sa thèse de doctorat, à un de ceux pour qui aligner des équations à l’infini semble apporter un immense plaisir. Mais il est possible de prouver matériellement cette théorie. Ce n’est même pas si exigeant, financièrement, ou en terme d’équipement. Je pourrai sans doute monter l’expérience ici même, dans mon laboratoire. Si ça marche, je sen que je vais changer le cours de l’humanité, à jamais.

Parfois, j’apprécie un récit pour son côté grandiose, comme La maison des Soleils d’Alastair Reynolds qui nous propose une énigme à l’échelle galactique et d’autre fois j’accroche complètement à un roman qui nous parle d’un vieille homme perdu dans la campagne française qui essaye de comprendre comment sa femme, physicienne de génie, a pu disparaitre avec son laboratoire alors qu’il était en train de boire son thé dans la cuisine.

Bref, j’ai beaucoup aimé. Francis Guévremont mélange, avec habilité et douceur, histoire de famille, enquête et recherche scientifique, le tout avec un background original qui mériterai d’être repris et développé.

Le paradoxe de la lumière est un joli récit, bien écrit et avec une belle touche de relation humaine.

7 commentaires

  1. Moi aussi je regarde toujours les sorties des Forges avec curiosité, et je dois avouer que celle-ci ne m’avait pas tapé dans l’oeil. 😅 Mais vu ton avis, je la mets dans un coin de ma tête (surtout qu’elle est courte, le risque est moindre).

  2. Ca a tout de même l’air assez particulier cette histoire. Pareil, je vais attendre de voir d’autres avis avant de me décider !

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