Amaryllis, 16 ans, n’a jamais connu que la maison où elle est née, le
domaine d’Esver, reculé, magnifique, mystérieux. Dans ce manoir où elle
vit seule avec sa mère, elle étudie la botanique avec l’espoir d’en
faire son métier, malgré des nuits hantées par de drôles de rêves… Le
jour où elles reçoivent une lettre du père annonçant la vente du domaine
et le mariage de force d’Amaryllis à un de ses associés, tout bascule.
Derrière les portes fermées d’Esver, la jeune fille trouvera-t-elle de
quoi échapper à son destin ?
Une atmosphère très travaillée
Des sons, parfois, parvenaient à ses oreilles, mais elle ne savait pas très bien si c’était l’écho d’un rêve se déroulant d’un coté de son crâne ou de réels bruits de la nuit.
C’était dans cet entre-deux que naissaient les ombres.
Des thèmes forts
L’autrice nous propose un roman avec des thèmes forts. Alors que son récit se déroule dans un milieu bourgeois comparable à celui du XIXe siècle, Katia Lanero Zamora dénonce les mariages arrangés, la violences conjugales et le rôle « décoratif » que l’on dévolue aux femmes de cette époque. Elle milite également à sa manière pour l’éducation des femmes comme une issue pour sortir de ce carcan étouffant et obtenir une indépendance financière. Un roman très féminin donc à la frontière entre l’adolescence et la vie adulte où l’autrice hésite entre réalité dure et univers fantastique. Amaryllis, telle la Wendy de Peter Pan enfermée au Pays Imaginaire doit trouver un chemin pour survivre à son passage à la vie adulte.
Un roman entre deux
Ce qui m’a marqué à la lecture de ce roman c’est l’ambivalence constante du récit. Entre rêve et réalité, entre folie et imagination… le jour la vie monotone au manoir, la nuit les aventures et l’exploration du domaine d’Esver. Même le passé et le présent se mélangent et le récit joue constamment sur cette ambiguïté à tel point que le lecteur hésite toujours à savoir où se situe : la réalité du manoir, la folie de Gersandre et l’imagination d’Amaryllis. L’autrice fait un beau travail d’écriture sur le fil de la vérité qui tient le lecteur en haleine jusqu’au dernier chapitre.
Leurs doigts dansaient dans les airs et une onde de bien-être détendit Amaryllis. Elle se sentait en confiance.
« Votre maison est construite sur des terres aux pouvoirs ancestraux, quand les histoires se racontaient au coin du feu et prenaient vie dans les tenebres. Esver est le monde des rêves, le monde imaginaire, le monde des créatures irréelles, de celles que l’on aimerait contempler comme celles sur lesquelles on ne voudrait jamais tomber.
– J’ignorais que ce monde existait.
– C’est un univers dans votre univers.
– Et il y a beaucoup d’univers, dans mon univers ?
– Une infinité, pour qui sait regarder. »
Les ombres d’Esver fut une très bonne lecture et une belle surprise. Un roman YA fantastique à l’ambiance gothique et onirique qui nous entraine à la frontière de l’imagination d’une jeune fille : là où la folie et la réalité s’entremêlent pour parfois se confondre. Une belle plume pour un univers très travaillé qui au-delà d’un coté presque fantasy à la Narnia aborde des thèmes forts avec un ton juste. Clairement un autrice à suivre et un univers à découvrir !