La cité de l’orque de Sam J. Miller

Je zieute avec attention chaque sortie des éditions Albin Michel Imaginaire, certaines me tentent, d’autre moins mais je suis assez admirative du choix des publications fait pas cette maisons d’éditions depuis son lancement l’année dernière. Comme vous le savez si vous suivez un peu le blog, j’aime beaucoup le style post-apo, j’étais donc très intriguée par l’un des titres parus en ce début d’année :  La cité de l’orque de Sam J. Miller.

Je remercie beaucoup les éditions Albin Michel Imaginaire de me l’avoir envoyé en SP.

22ème siècle.
Les bouleversements climatiques ont englouti une bonne partie des zones côtières. New York est tombé; les États-Unis ont suivi. Au large de pays plongés dans le chaos, ou en voie de désertification, de nombreuses cités flottantes ont vu le jour. Régies par des actionnaires, elles
abritent des millions de réfugiés. C’est sur Qaanaaq, l’une de ces immenses plateformes surpeuplées, qu’arrive un jour, par bateau, une étrange guerrière inuit. Elle est accompagnée d’un ours polaire et suivie, en mer, par une orque. Qui est-elle ? Est-elle venue ici pour se venger ? Sauver un être qui lui
serait cher ?

Bienvenue à Qaanaaq. Ville flottante au large des côtes du Groenland et de l’Islande. Ville promise pour beaucoup d’immigrants qui fuient les ravages du changement climatique. Qaanaaq est à la fois un Eldorado et en même temps une autre forme d’enfer. La ville est tentaculaire, chaque branche abrite une population allant des propriétaires immobiliers les plus riches aux populations les plus pauvres n’ayant même pas de toit. Dans cette ville où les rêves et les espoirs se confrontent à une réalité cruelle, les destins des personnes se croisent et s’entremêlent. Dans la cité, nous suivons à tour de rôle des personnages qui tous à leur manière sont liés à cette ville. Et puis dans l’équation viendra s’ajouter une femme arrivée à Qaanaaq accompagnée d’un orque et d’un ours polaire… quel est son but et comment sa présence va-t-elle modifié profondément les rapports de force dans la cité ?

Bienvenue à Qaanaaq : dernière ville avant la fin du monde

Vous l’aurez compris, le personnage central de La cité de l’orque est la cité elle-même. Qaanaaq est à la fois le décor et le personnage principal de ce roman post-apo à l’ambiance bien particulière. Cette cité flottante, construite en pleine catastrophe écologique alors que les grandes villes du monde sombraient, est un bijou d’architecture moderne. Placée sur la partie nord de la dorsale atlantique, elle utilise la géothermie comme source d’énergie et de chauffage.

La ville est automatisée au maximum, les algorithmes gèrent la vie de la population à tel point qu’il n’y a pratiquement aucune institution gouvernementale. Cependant, comme dans toute ville connue, une petite partie de la population vit dans l’opulence tandis que les nouveaux arrivants sont entassés dans les bras de la villes les plus pauvres et les plus surpeuplés. Ajouter à tout cela, l’apparition d’une mystérieuse maladie sexuellement transmissible et mortelle : Les failles dont personne ne connait exactement l’origine et vous aurait une vision de cette cité cosmopolite à la fois magnifique et sans pitié.

Tu viens d’arriver ici. Tu es submergé, effaré. N’aie pas peur.
Ferme les yeux. Je suis là.
Pince-toi bien le nez. L’odeur d’ici n’est pas celle de ta ville. Tends l’oreille, en revanche : toutes les villes produisent ce chaos sonore. Avec un peu de patience, tu finiras même par entendre ta langue.
Il n’y a pas de plan ici. Tu n’as pas besoin de plan. Tu n’as pas besoin de mode d’emploi. Seulement de récits. Raison de ma présence.

Sam J. Miller nous propose avec la cité de l’orque un roman post-apocalypse écologique au worldbuilding assez remarquable. La cité de Qaanaaq se dévoile page après page, le lecteur apprivoise cet environnement inconnu. On y ressent le froid, la surpopulation, l’avenir précaire des humains qui la peuplent : c’est assez étouffant et pourtant on ne peut s’empêcher d’avoir envie de visiter cette ville de fond en comble pour en découvrir tous les secrets. Les bribes que l’auteur nous saupoudre au fil des pages sur le devenir du monde sont particulièrement noir… ce qui montre Qaanaaq comme un phare au milieu du désespoir de l’humanité.

Un style particulier mais des thèmes fortement actuels

J’ai cependant trouvé que la plume de Sam J Miller n’était pas dès plus accessible surtout au niveau de la visualisation de la ville qui prend du temps tout comme la mise en place des différents personnages… il a fallu que je m’accroche un peu pour vraiment rentrer dans l’histoire et j’avoue que certain passages sont un peu lents. Le récit en lui-même n’est pas des plus novateur puisqu’il s’agit avant tout d’une histoire de famille et de vengeance. Mais les sujets abordés sont quand à eux nombreux et menés avec intelligence. Sam J. Miller nous parle de notre société en voie de disparition. Il dénonce avec la cité de l’orque aussi bien le capitalisme incontrôlé, les scientifiques irresponsables que les révolutionnaires inconscients. Il nous montre une humanité dans toute sa différence : ses cotés altruistes mais aussi la haine, le mensonge et la jalousie qui la gangrène.

Ne parlez pas du passé ici. Ne demandez pas à vos voisins la raison pour laquelle ils ont quitté leur pays, quel qu’il soit; ne vous attendez pas à ce que vos nouveaux amis s’attendrissent, nostalgiques, sur des foyers qui ne sont plus. Le passé signifie peut-être pour vous plus que la souffrance, n’imaginez pas cependant que tous aient cette conception.

Voyez où la société actuelle nous mène…

J’aurais tendance à y voir un roman écrit pour interpellé les consciences et créer un électrochoc auprès des lecteurs : voyez vers quoi notre société déshumanisé nous dirige à grands pas. J’y vois également un plaidoyer pour l’acceptation de la différence et pour l’entraide : ce n’est pas parce que vous êtes en sécurité et au chaud que l’avenir des personnes sans ressources doit vous être indifférent.

Au final, un roman clairement différent. Si je devais le rapprocher d’un roman lu récemment, je dirais qu’il a des points communs avec Jardin d’hiver d’Olivier Paquet, surtout dans les thèmes abordés. Sam J. Miller nous propose avec la cité de l’orque un roman engagé avec un worlbuilding remarquable qui nous pousse à la réflexion et même si je n’ai pas complètement accroché au style de l’auteur et que je me suis un peu ennuyé au milieu (et oui…), j’ai aimé découvrir cette cité aux allures de dernière ville avant la fin du monde.

14 commentaires

  1. J'ai bien aimé le monde imaginé, la ville fascinante, mais j'ai trouvé aussi que ce n'était pas forcément évident à lire et j'ai regretté le manque d'empathie envers les persos.

    • Tout pareil 😉 Le worlbuilding est vraiment intéressant et les thèmes abordés sont forts mais le style de l'auteur j'ai eu du mal : pas très visuel et effectivement peu empathique envers les persos…

  2. En fait je ne sais toujours pas si j'ai envie de le lire 😛
    Si il sort en poche un jour je tenterais peut être ^^

    • Je sais pas trop quoi te conseiller… Je pense que c'est intéressant de le lire mais le style de l'auteur est particulier… oui je sais ça t'aide pas :p

  3. Survol trop sommaire à mon goût, pas adhéré à la forme ni au traitement, seul le fond est intéressant, mais comme il a été maltraité…

    • C'est vrai que pour moi c'est le moins bon titre d'AMI que j'ai lu… j'espère que Terminus sera mieux XD

  4. J'ai lu tellement d'avis partagés sur ce livre que si je le lis un jour je crois que j'aurai une bonne surprise, tant mes attentes ont diminuées. ^^

  5. De mon côté je pense que ce qu'il manque à ce bouquin c'est plus de pages pour approfondir l'univers parce que c'est très riche et on sent l'importance du world building. J'espère qu'il reviendra dans ce monde, avec plus d’expérience d'auteur aussi ^^

    • Je sais pas si j'aurais survécu à plus de pages… mais le worldbuilding est vraiment intéressant. Comme toi je me dis que quand l'auteur aura plus de bouteille et s'il revenait sur cet univers, ça pourrait être beaucoup plus sympa 😉

  6. Je te rejoins sur le petit côté inaccessible du roman et ses lenteurs qui ont vraiment freiné mon enthousiasme. Et comme toi, pourtant, j'ai adoré cet univers et ses tenants et aboutissants, mais le style m'aura laissé de côté.

    • Même ressenti donc ^^ Je me dis que l'auteur peut évoluer et que ses prochains livres seront peut être plus "accessibles" et que l'univers sera toujours aussi interessant !

    • c'est à livre à tester je pense qi on aime le post-apo… quoi qu'un peu difficile d'accès, l'univers est interessant 😉

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