✨Teixcalaan tome 1 : Un souvenir nommé empire d’Arkady Martine

Pour le challenge Summer Star Wars, j’avais mis deux livres dans ma PAL, deux livres qui pour moi étaient de vrais défis de lecture (du challenge pour le challenge quoi). Dans cette chronique, je vous parle d’un de ces deux livres qui a été un coup de cœur pour moi de manière complètement inattendue. Teixcalaan tome 1 : Un souvenir nommé empire d’Arkady Martine a reçu le Prix Hugo 2020 et a été publié cette année dans la collection Nouveaux Millénaires des éditions J’ai Lu. C’est un Planet Opera de 500 pages, premier tome d’un dyptique sur l’empire teixcalaanli. Le second tome du cycle sortira le 15 Septembre.

Yskandr, l’ambassadeur de Lsel en poste dans la capitale de l’Empire teixcalaanli, est mort. Sa remplaçante, la jeune Mahit Dzmare, part avec un handicap : la puce mémorielle censée lui fournir tous les souvenirs de son prédécesseur est défectueuse, la laissant démunie face à une société complexe dont elle a du mal à appréhender les codes. Elle peut cependant compter sur l’aide de Trois Posidonie, sa chargée de liaison pleine de ressources, pour la guider parmi les intrigues et les chausse-trappes de la politique teixcalaanlie. Mais plusieurs questions demeurent : qui a tué Yskandr, et pourquoi ? Risque-t-elle de subir le même sort ?

L’empire teixcalaanli est un monstre qui dévore et assimile les mondes les uns après les autres, depuis des milliers d’années, l’Empire s’agrandit de guerres d’annexion en guerre d’assimilation, c’est une force irrésistible. La jeune Mahit Dzmare est une stationniste, c’est à dire qu’elle vit sur une station spatiale comme plusieurs autres peuples à travers la galaxie et elle a été désignée pour devenir ambassadrice de sa station : Lsel auprès de l’Empire. Les stationnistes de Lsel ont une technologie secrète que reprouverait les Teixcalaanlitzlim et qui leur permet de sauvegarder les savoirs acquis sur plusieurs générations : les imagos. Un dispositif neurologique qui permet de sauvegarder les souvenirs, les savoirs et la personnalité d’une personne pour que celle-ci puisse ensuite être implantée dans son successeur, celui-ci peut alors fusionner avec les souvenirs de ses prédécesseurs.

Malheureusement pour Mahit, Yskandr Aghavn, le précédent ambassadeur, n’est pas revenu sur la station depuis 15 ans, c’est donc avec une imago non mise à jour que Mahit entreprend le voyage de trois mois qui la sépare du Joyaux – Monde de l’empire teixcalaanli. Arrivée à la Cité, siège du pouvoir impérial, Mahit rencontre sa chargée de liaison culturelle Trois Posidonie et commence son immersion culturelle au sein de la politique teixcalaanli. Et son arrivée est pour le moins mouvementée puisqu’elle découvre rapidement que son prédécesseur est mort dans des conditions suspectes et en plus de quelques problèmes personnels de mémoires, Mahit va vite se demander si elle aussi n’est pas en danger de mort.

Soyons honnête, ce livre ne plaira pas à tout le monde. Dense, foisonnant, riche mais aussi plus descriptif que dans l’action, c’est un livre qui, à mon avis, trouvera autant de défenseurs que de détracteurs. Personnellement, j’ai adoré me plonger dans ce récit. J’ai trouvé les personnages attachants et bien campés. Quant au Joyaux – Monde avec sa classe politique et sa culture complexe, j’ai aimé le découvrir à travers les yeux d’une « barbare ». Personnellement je mets des guillemets car tout le long du récit j’ai eu un mal fou à accepter ce terme.

Et pourtant pour les citoyens de l’empire, tout ceux venant d’une autre culture que la leur est un barbare, avec une petite nuance lorsque certaines personnes, comme Mahit, qui arrive à donner le change grâce à une éducation complètement tournée vers la culture teixcalaanli mais qui ne cache pas la profonde xénophobie de cet empire. L’autrice nous fait nager entre fascination pour une culture de plusieurs millénaires basée sur la poésie et les œuvres littéraires et répulsion devant un monstre qui broie mais ne semble pas apprendre des autres.

Trois Posidonie était devenue très gaie, entre le moment où elle avait eu une idée – qu’il lui restait encore à révéler – et celui où elle l’avait fait savoir. Mahit comprenait ça aussi. Le pouvoir d’avoir n’importe quel genre de plan, même complètement absurde ou impossible.

Clairement, il y a des longueurs, l’autrice s’attarde parfois un peu trop longuement sur les atermoiements des personnages et on se perd aussi un peu dans certains méandres de l’intrigue. Il n’empêche qu’une fois que j’ai mis le nez dans ce livre, je n’ai mis que trois jours à le finir tellement le récit m’a happé ! Si on aime ce type de roman très politique, où l’action est plutôt un coup de billard en trois bandes que de foncer dans le tas tête baissée, alors Un souvenir nommé empire est une lecture qui fait mouche.

Le point central dans ce premier tome que nous découvrons rapidement est le problème de succession au sein de l’Empire : l’empereur est âgé et malade mais sa succession est peu claire et des dissensions commencent à apparaitre au sein de la classe politique et militaire. J’ai également aimé découvrir les contradictions de cet univers où les matrices artificielles pour donner naissance sont la norme mais où toute altération du cerveau comme les améliorations neurologiques sont tabous : une « triche » pour ceux qui vénèrent les esprits vifs et éloquents.

Deux Topographes, et on l’appelait Carte. Mahit sourit. « Pas de problème.Sur Lsel, on a beaucoup de gamins qui courent partout – en général par gros groupes d’age de la garderie -, et à son age, j’allais dans toutes sortes d’endroits. Ça ne me gêne pas du tout. C’est le votre?
– Mon fils », confirma Cinq Agate, avant d’ajouter avec un rien de fierté: « Mon fils par mon propre corps. »
Voilà qui était inhabituel à Teixcalaan, et du jamais vu sur Lsel. Engendrer un enfants avec son propre corps plutot qu’à l’aide d’un utérus artificiel était une débauche de ressources que la station ne pouvait tout simplement pas se permettre : des femmes mouraient de cette manière, ou détruisaient soit leur métabolisme soit leur plancher pelvien, alors qu’elles étaient des personnes capables de travailler.[…] Elle trouvait à la fois choquant et fascinant qu’on puisse avoir autant à gaspiller en toute décontraction.

Dans la construction du roman lui-même, j’ai bien aimé que chaque début de chapitre commence par des documents permettant d’avoir un point de vue supplémentaire sur une partie de l’intrigue via d’autres personnages ainsi que sur certains événements de l’Histoire de l’Empire. Un point qui donne à la lecture un gout particulier est les noms des Teixcalaanlitslim composés d’un chiffre (ayant bien sur une symbolique particulière) et d’un nom d’objet ou de concept. L’empereur est nommé Six Directions, Quinze Moteurs, le chargé de liaison de l’ancien ambassadeur de Lsel ou Deux Topographes le petit garçon de Cinq Agathe. Ce roman comporte un nombre conséquent de personnages très attachants : Mahit et Trois Posidonies mais aussi Douze Azalées et Dix-neuf Herminettes. Des personnages qui transmettent au lecteur leur fascination pour leur Cité majestueuse et leur culture complexe et exigeante.

Je porte l’exil dans mon cœur. Il anime ma poésie et ma politique ; je n’en serai jamais libre, ayant vécu si longtemps hors de Teixcalaan. Je mesurerai à jamais la distance qui me sépare d’une personne restée dans le cœur du monde, la distance entre la personne que j’aurais été en y restant et celle que je suis devenue sous la pression de la frontière. Lorsque la Dix-Septième Légion, sortant du portail de saut dans de brillants vaisseaux dérobeurs d’étoiles, a rempli le ciel ebrekti de formes de chez moi, j’ai commencé par avoir peur. Une discontinuité profonde. Reconnaitre la peur dans la forme de son propre visage.

Un coup de cœur inattendu donc et une lecture prenante pour ce Planet Opera riche et politique qui m’a complètement captivé. Et en plus, le tome 2 arrive le 15 Septembre aux éditions J’ai Lu dans la collection Nouveaux Millénaires, c’est peu de dire que j’ai hâte !

#SSW
#SSW

17 commentaires

  1. Je pense que l’aspect politique peut me passionner, j’espère juste qu’il y aura assez de rythme pour moi ><
    Merci pour cette belle chronique !

  2. He bien ça change de lire du positif sur ce roman. Bon je vais quand même passer mon chemin parce que je ne suis pas très friande des intrigues politiques et j’ai besoin de rythme en ce moment, mais je ne le relègue pas dans les limbes ^^

  3. Cool ! Bon du coup ça fait un peu pencher la balance pour moi sur ce roman, c’est bien possible que ça fonctionne. A voir.

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