Huit ans après que «la paix dans l’honneur» a été signée entre
l’Angleterre et l’Allemagne, les membres du groupe de Farthing, à
l’origine de l’éviction de Churchill et du traité qui a suivi, fin 1941,
se réunissent au domaine Eversley pour le week-end. Bien qu’elle se
soit mariée avec un Juif, ce qui lui vaut d’habitude d’être tenue à
l’écart, Lucy Kahn, née Eversley, fait partie des invités. Les
festivités sont vite interrompues par le meurtre de Sir James Thirkie,
le principal artisan de la paix avec Adolf Hitler. Sur son cadavre a été
laissée en évidence l’étoile jaune de David Kahn. Un meurtre a eu lieu à
Farthing et un coupable tout désigné se trouvait sur les lieux du
crime. Convaincue de l’innocence de son mari, Lucy trouvera dans le
policier chargé de l’enquête, Peter Antony Carmichael, un allié. Mais
pourront-ils ensemble infléchir la trajectoire d’un Empire britannique
près de verser dans la folie et la haine?
La toile de fond ainsi posée, le récit commence au château de Farthing où Lucy et son mari David ont été invités par Lady Eversley, la mère de Lucy, pour le week-end. La découverte du cadavre Sir James Thirkie, artisan de la paix avec le Reich, le lendemain de la réception organisé par les Eversley met la maisonnée sans dessus dessous. D’autant plus quand la police arrive pour enquêter sur sa mort et que tout dans l’enquête désigne le mari de Lucy. Un coupable idéal ?
Alors qu’après la lecture du 4e de couv’ on s’attend à un roman style
policier, l’enquête ici n’est qu’un prétexte pour l’auteur. Une manière
de découvrir cette société au travers des yeux d’un enquêteur de
Scotland Yards, et de comprendre qu’appréhender le coupable est moins
important que d’arrêter le coupable désigné. Oui vous me direz qu’on a
pas besoin d’être dans une uchronie pour que la société connaisse ce
genre de biais, mais ici cela ne fait que ressortir le sentiment
anti-juif de plus en plus répandu dans la population surtout que David a
le malheur d’être d’une famille de banquier… doublement coupable donc
!
Jo Walton nous propose ici une uchronie déstabilisante. Elle nous peint une Angleterre du début des années 40 sclérosée, embourbée dans l’accord signé avec l’Allemagne. La crainte du Reich rend les anglais frileux et attentistes tout en exacerbant la peur des étrangers et les sentiments antisémites de la population. Ce climat donne un sentiment de malaise lors de la lecture du Cercle de Farthing, un malaise né du comportement des personnages ouvertement xénophobes et d’une société où la dénonciation et la méfiance envers son voisin sont choses courantes et encouragées. L’ambiance « nous avons évité la guerre mais nous sommes sous surveillance » rend l’atmosphère de ce premier tome lourde et délétère.
L’auteur offre un récit relativement linéaire mais qui fait son petit effet, le contexte uchronique étant encore une fois bien construit et les personnages toujours aussi fouillés. Cependant, le récit a parfois quelques longueurs surtout dû à plusieurs passage très attentistes dans l’histoire. Il manque aussi ce coté intimiste de Mes vrais enfants qui rendait les personnages attachants, dans le Cercle de Farthing, on reste très spectateur avec un style de narration plutôt distancié. On trouve cependant des similitudes au niveau des thèmes abordés : l’intolérance, l’homosexualité, le choix de vie assumé du personnage féminin principal.
J'aime beaucoup cette série. J'ai trouvé le 2 encore meilleur et j'ai hâte de lire le dernier !
Contente de savoir que le 2 est encore mieux. Comme il vient de sortir chez Folio SF je vais me laisser tenter 😉