Lors de la dernière Masse Critique Babelio, j’ai eu la chance d’être sélectionnée pour lire Légendes d’Agrégats d’Etienne Cunge. Un one-shot dans le style space opera, j’avoue ça ne pouvait que m’attirer car l’exercice de vouloir faire un récit de space ope’ en moins de 300 pages n’est franchement pas aisé et lorsqu’il est réussi c’est un petit bonheur de lecture. Alors me voilà en possession de l’objet de ma curiosité grâce aux éditions Critic et je suis partie à la découverte de l’univers où l’Humanité s’est divisé entre Spatiens et des Chondriens !
En colonisant d’autres mondes, l’humanité s’est divisée. Désormais, seuls les spatiens font encore le lien entre les différentes planètes à bord d’immenses consortiums d’astronefs, nommés agrégats, accomplissant ainsi la Tradition du Vide.Parmi les millions d’habitants qui les composent, Rivka est une moissonneuse chargée de sillonner la zone d’influence gravitationnelle pour collecter les ressources énergétiques et minérales vitales à leur communauté.Un jour, lorsqu’elle secourt Ilam, un photographe étranger dont le vaisseau a subi une avarie, elle est loin d’imaginer les conséquences de son geste. Pour les deux jeunes gens, commence un périple semé d’embûches, où il leur faudra non
seulement échapper aux foudres du maître de l’ordre, chargé de veiller au respect de la Tradition, mais aussi jouer leur rôle dans une trame qui les dépasse : un jeu de piste millénaire construit sur les notes d’un chef d’orchestre mystérieux.
Après un Prélude pour le moins mystérieux, nous voici embarqué avec Ilam, originaire de la planète Utopia (un chondrien donc) parti photographié le cosmos dans son vaisseau personnel pour échapper à une vie toute tracée dans les affaires familiales et ainsi démontré son auto-construction en tant qu’artiste. Alors que celui-ci est en train de prendre la dernière photo qui clôturera son exposition, une rencontre inattendue vient se profiler : un Agrégats est en approche. Ce regroupement de vaisseaux qui vogue à vitesse luminique le long de la route des étoiles est un phénomène rare. Les Spatiens qui composent cette communauté, comme celles des autres agrégats, sont peu connus des peuples des planètes colonisées par les humains et cette rencontre, pour Ilam, est l’apothéose de son aventures… enfin jusqu’à l’accident qui le laisse blessé dans un vaisseau endommagé sur un astéroïde à la dérive…
D’un autre coté, nous suivons plusieurs personnages appartenant à l’Agrégats : Rivka, jeune moissonneuse en charge de l’approvisionnement en matières premières de l’Agrégats et de ses usines, Altaïr, le Saint-Pilote, guide spirituel de l’Agrégats, Gonzague dirigeant de la citadelle, l’autorité religieuse au sein de l’Agrégat et Balthazar dirigeant du parti de la Liberté qui de part ses activités clandestines tente de renverser le pouvoir en place. Quatre points de vue qui vont nous permettre de découvrir ce microcosme qu’est l’Agrégat, complexe rapport de force entre un triumvirat bercé par les psaumes de la Tradition et une population divisé entre traditionalistes et déviants.
Ilam finalisa l’installation. La vue se révélait époustouflante, plus encore qu’il ne l’avait rêve. Au premier plan, les reflets métallisés du petit astre renvoyaient des éclairs similaires à ceux, hors de proportion, qui sillonnaient la nébuleuse en toile de fond. Derrière, se détachait le sujet principal de son futur chef d’œuvre : le trio de planètes en devenir, comme un pointillé vers les soleils jumeaux, et l’infinitude gazeuse et colorée du Centurion.
Le space opera est un de mes styles de SF préférés. J’aime ses grandes aventures à travers le cosmos avec voyage inter-planétaire et rencontre extra-terrestre. Ce que j’ai pu constater plusieurs fois déjà c’est que c’est un style difficile à appliquer au format one-shot. Un univers complet, souvent avec son glossaire, à construire en moins de, disons 500 pages, demande une certaine agilité ce qui n’est pas donné à tout le monde. Mais quand c’est réussi, c’est un petit bonheur de lecture pour moi. Avec Légendes d’Agrégats, Etienne Cunge nous propose un space opera en moins de 300 pages (moi je dis respect) et je vais directement mettre fin au suspect, le pari est réussi !
L’auteur nous propulse donc dans un futur lointain où l’humanité a migré loin de la Terre en plein collapsing, en se séparant en deux populations : une population fixe, les chondriens qui vivent sur un des sept mondes colonisés et une population nomade, les spaciens, qui naviguent sur la route des étoiles entre les planètes colonisés dans un des sept agrégats. Un moyen pour l’Humanité de rester uni à travers les millénaires.
Etienne Cunge pose très efficacement sont récit, en peu de pages, il arrive à nous peindre un portrait étonnement clair de cette humanité divisée, et tout au long du récit, par petites touches, le lecteur découvre une fresque de SF savamment construite. J’ai été très agréablement surprise par la qualité de description de l’auteur, extrêmement visuel qui en quelques paragraphes nous dépeint le microsome de l’Agrégat de manière détaillée, photographique, mais sans lourdeur. Un vrai régal.
Cliché un : une multitude de spationautes réalisaient des formes géométriques dans l’espace. Derrière eux tournoyaient les milliers de navires de la ceintures extérieures avec leurs vaisseaux satellites, connectés par les flux d’un complexité presque biologique des voies d’approvisionnement et de circulation. Cette organisation évoquait irrésistiblement le système circulatoire d’un organisme infernal et le photographe se surprit à en chercher le battement de vie.
Légendes d’agrégats est également un récit mené tambour battant. Après quelques chapitres où les personnages et l’atmosphère se mettent en place, l’histoire ne fait que montait crescendo en tension et à partir de la moitié du livre, il devient difficile de le refermer. Etienne Cunge a construit son récit comme les pièces d’un puzzle à reconstituer mais n’en oublie pas d’incorporer une réflexion sur l’avenir de l’humanité : sommes-nous condamner à toujours retomber dans les même schéma (répression religieuse et idéologique, contrôle des populations, etc…) ? Un peu de sens of wonder comme l’aime la SF, encore une fois habilement mené car bien équilibré au sein du récit.
Cliché quatre : trois des monstrueux appareils constituant le noyau de ‘Intervention Divine, deux couverts de lumière et un fait de nuit, alignés e croissant circulaire, débouchaient sur les contours anguleux et luminescents de l’habitat luxuriant du Saint-Pilote.
Bref, j’ai adoré. L’histoire est bien équilibré entre action et réflexion, un récit sans temps mort avec pourtant la description d’un univers riche, complexe qui se présente comme un diaporama et qui m’a complètement conquise. L’auteur réussi ici un tour de force en nous présentant un récit de space opera de moins de 300 pages intelligent et beau mais également captivant… chapeau ! Du coup, un livre de SF pour moi extrêmement accessible, pour les amateurs éclairés aussi bien que pour ceux plus frileux devant les grandes sagas de space opera. Un beau coup de cœur pour moi !
Malgré le fait que ce livre sorte chez Critic (les deux seuls livres d'eux que j'ai lu ont été des gros échecs) je pense que je lui donnerais peut etre sa chance, parce que le genre en lui même me plait vraiment 🙂
J'ai pas encore eu de déceptions chez eux… Celui-là est vraiment sympa et franchement un space op' en 300 pages je suis restée bluffée 😉
Je pense que je vais me laisser tenter par ce court roman de Space Opera en espérant qu'il me plaira autant qu'à toi… 😉
J'espère aussi ^^
Et personne ne connait Antarticas a rivière blanche
plus épais mais remarquable
Effectivement, je ne connaissais pas, merci pour l’info 😉
Pour moi les editions Rivière Blanche manquent cruellement de visibilité sur les RS et en librairie… dommage…
Je ne connais pas du tout mais je note ^^
C'est court mais très bien écrit, un beau space opera !