Depuis des siècles le sable a englouti le monde. Un autre s’est créé
tant bien que mal parmi les dunes mouvantes, et les plongeurs des sables
descendent à de grandes profondeurs pour remonter des ruines figées de
l’ancien monde les trésors enfouis dont le troc permet la survie de tous
à la surface. Ici, dans cette contrée constamment balayée par le vent,
trois frères et une sœur se retrouvent loin les uns des autres. Leur
père, qui appartenait à l’élite des plongeurs des sables, a disparu un
jour sans aucune explication vers le No Man’s Land, en les abandonnant.
Et leur monde semble s’apprêter à en faire autant.
Dans un futur plus ou moins lointain, le sable semble avoir tout envahi. Les humains survivent difficilement grâce aux reliques de l’ancien monde que des plongeurs des sables arrachent dans les profondeurs des anciennes villes. Dans ce monde à l’agonie, nous allons suivre une famille déchirée : un père ayant abandonné sa famille pour disparaitre dans le No Man’s Land, une mère qui tient le plus grand bordel de la ville et quatre enfants plus ou moins paumés qui entretiennent le souvenir d’un père comme celui d’un héro disparu. Une histoire de famille déchirée sur fond de monde post-apo ensablé.
A la base, un univers post-apo attirant
Hugh Howey nous propose un univers post-apo qui parait attrayant : un monde de sable qui a englouti l’ancien. Un univers à la Mad Max où le centre de ce qui était les Etats-Unis est devenu un désert. Entre Springston et Low-Pub, quelques centaines de personnes tentent de survivre alors que le sable envahi tout, les maisons comme les puits d’eau. Bon, vous me direz que ce n’est pas hyper novateur… et vous aurez raison, mais le point vraiment top de ce livre c’est l’idée des plongeurs des sables. Ces hommes et ces femmes formés pour plonger dans le sable et en extirper les trésors de l’ancien monde encore accessibles sous 300 à 600 m de sable. Les descriptions de plongées sont les temps forts d’Outresable. Entre sentiment d’enfermement et de liberté, les plongées dans ce monde souterrain sont assez extraordinaires et la plume d’Hugh Howey sait parfaitement jouer avec notre imagination pour que ces « plongées » soient des moment marquants du récit.
A six cent mètres, le sable refusait de bouger. Il devenait aussi sourd qu’un amant égoïste à ses pensées et ses souhaits. Il la bloquait sur la place, où il la maintenait sans recours. Six cent mètres, c’était une profondeur très supérieure à celle où les plongeurs périssaient. Bien avant d’être arrivés aussi loin sous la surface, la plupart d’entre eux mouraient parce qu’ils s’efforçaient en même temps de respirer et de faire s’écouler le sable. Un combat simultané contre deux adversaires était vain, Vic le savait.
Mais qui ne tient pas ses promesses…
Des moments marquants, oui, mais ensuite ? Et bien c’est là que le bas blesse comme on dit… le récit en lui-même est plutôt quelconque et les personnages pas vraiment intéressants. Bon je sais que je suis plutôt une lectrice qui aime pouvoir s’attacher aux personnages (empathie, tout ça…), ce qui ne m’empêche par d’apprécier les livres de Lovecraft ou Dick où les personnages sont loin d’être attachants mais au moins, ils sont intéressants… Dans Outresable, Hugh Howey nous propose de suivre les différents membres d’une famille aussi paumés que désunis qui survivent à leur manière dans ce désert de dunes mouvantes. Une idée qui en soit, s’en être très innovante, aurait pu être intéressante mais que l’auteur ne développe pas suffisamment pour que son récit prenne de l’ampleur et scotche le lecteur. A la place, on se demande où tout ça va nous mener et, à la fin, on le sait… pas très loin. Bref, il manque quelque chose pour qu’Outresable soit un récit post-apo vraiment prenant à défaut d’être très innovant.
Une fois enveloppé dans le sable, Palmer éprouva l’exaltation que devait connaître un faucon des dunes en vol, cette sensation d’extrême légèreté et de libération, le pouvoir de glisser dans n’importe quelle direction désirée. Il concentra ses pensées comme sa sœur le lui avait enseigné tant d’années auparavant, désagrégeant le sable sous lui et le pressant sur lui, tout en conservant une poche de vide autour de son torse pour respirer, détournant la pression autour de lui pour la repousser, tout en prenant des goulées régulières à son régulateur afin de conserver son air.
J’ai tout de même appréciée la plume de Hugh Howey : une écriture fluide et facile d’accès. Les chapitres courts et l’alternance des points de vues, très à la mode en ce moment, est bien mené et permet au lecteur de découvrir plus largement la société dans laquelle évoluent les personnages. Ce qui me fait penser que ce livre trouvera surement son lectorat, mais plutôt parmi les lecteurs lisant peu de SF et les amateurs de post-apo pas trop éloignés de notre société actuelle.
Au final, même si j’ai apprécié quelques aspects du récit que nous propose Hugh Howey avec Outresable, l’idée des plongeurs des sables me plait définitivement, j’ai trouvé que le tout manquait de profondeur et de sens of wonder pour être une très bonne lecture. Outresable est un récit familiale dans un monde Post-Apo plutôt destiné aux lecteurs lisant peu de SF. Un beau potentiel mais pas suffisamment développé et avec un manque certain de finalité.
Merci pour ton retour, je vais donc passer mon chemin plutôt que de prendre le risque de finir dans des sables mouvants.
En lisant ton avis, cela m'a fait penser au roman Julian de Robert Charles Wilson que je te conseille : un post apo atypique avec de vrais personnages. La SF y est aussi un peu prétexte, pour nous dérouler une histoire d'un futur.
Pas mieux ! Merci
C’est noté ! J’ai deja BIOS au programme le mois prochain
Oui je pense que vous pouvez passer sans vous arrêter… j’ai failli mettre « peut mieux faire » 😂
Je te rejoins tout à fait ! Beaucoup de bonnes idées (cet univers m'a TOTALEMENT submergée), mais dans la réalisation Howey m'a donné l'impression de passer à côté de ce qui aurait pu faire de son récit un très bon roman. J'ai beaucoup apprécié la dernière cinquantaine de page où ça bouge "enfin" et où les personnages se révèlent un peu plus. Dommage que tout le livre n'ait pas été de la même trempe. On aurait pu davantage creuser par-ci par-là. J'aime rester dans le flou, mais là c'est vrai que je reste un poil sur ma faim même si j'ai dans l'ensemble beaucoup aimé ma lecture. 🙂
Exactement, j’ai accroché au debut puis a la fin… il manque vraiment du fond pour que le livre soit consistant et que le lecteur soit plus scotché par le recit. C’est dommage parce que l’idee de depart me semblait top 😕
Ah dommage que ça ne l'ait pas complètement fait, pour ma part j'avais adoré Silo du coup je découvrirais bien celui-ci aussi 🙂
Ca m’intéresse de lire ton avis pour comparer avec Silo et savoir si celui-ci est au même niveau ou pas… j'ai du mal à savoir les avis sont assez divergents 😉
Salut. Petite question "pratique". J'zi un fils de 13 ans, qui aime la sf et la lecture. Je me demandais si outresable peut convenir a un enfant (Scenes violentes ou pour adulte ou trop complexes).
Votre avis m'interesse avant de lui filer le livre. Je l'aurais bien lu moi meme avant, mais pas trop le temps en ce moment, je suis sur autre chose. Donc merci d'avance.
Pour moi ce n’est pas un recit pour un enfant, trop violent, c’est vraiment un recit pour adulte… en sf, meme si ca date un peu, je ferais plutot lire du Edmond Hamilton ou du Asimov, dites moi si vous souhaiteriez des titres 😉