Une cosmologie de monstres de Shaun Hamill

« Dans Une Cosmologie de monstres, Shaun Hamill allie brillamment les univers angoissants de H.P. Lovecraft avec l’histoire contemporaine d’une famille menacée de destruction par des forces surnaturelles. Il réussit son coup, parce que ces braves gens pourraient être nos voisins. L’horreur ne fonctionne que lorsque nous nous attachons aux personnes concernées ; nous nous attachons aux Turner, et leurs cauchemars deviennent les nôtres. La prose de Hamill est sobre, tout simplement belle. Voilà à quoi ressemblerait un roman d’horreur signé John Irving. J’ai adoré ce livre, et je pense qu’il vous plaira aussi. » Stephen King
La Famille Turner, de Vandergriff (Texas), se tient sur le seuil d’un monde terrifiant dominé par une cosmologie de monstres. Est-ce le leur ou est-ce le nôtre
Bonjour cher lecteur et bienvenue chez les Turner !
« Je me suis mis à collectionner les lettres de suicide de ma sœur Eunice
à l’age de sept ans. Je n’en ai jeté aucune, je les garde dans un
pince-notes noir rangé dans le tiroir du bas de mon bureau. A part ça,
on ne m’a pas permis d’emporter grand-chose. Je les ai souvent relues
ces derniers mois, en quête de réconfort, de sagesse, ou simplement
d’une confirmation que j’ai fait le bon choix, pour nous tous. »
Ce récit écrit comme un témoignage de la part de Noah, le petit dernier de la fratrie Turner est composé de sept parties entrecoupées de séquences chacune consacrée à un des membres de la famille. A chaque partie un saut dans le temps pour retrouver la famille Turner dans une autre phase de leurs vies. Un découpage assez déroutant mais qui contribue au coté addictif du roman tout en installant une atmosphère de malaise au fur et à mesure que l’on découvre la famille Turner, ces travers et ses dysfonctionnement. Les rapports enfants/parents m’ont particulièrement marqué et ont contribué à cette atmosphère de gène que l’auteur entretient dans son récit en plus d’y ajouter une part de fantastique horrifique. Shaun Hamill joue énormément sur nos peurs d’enfants, dans une cosmologie de monstres il y a bel et bien un monstre sous votre lit mais au-delà il y a un monde de peur et d’incompréhension qui déborde sur le monde des adultes.
Plus tard, après avoir rêvassé pendant dix pages de Kadath avant de m’endormir, je demandai à Eunice : « C’est comment, une maison hantée ?
– Je ne connais que celle qu’on a fabriquée quand j’avais ton age, répondit-elle.
– C’est effrayant ?
– Pas pour moi, puisque j’avais participé à sa conception ; je savais donc à quoi m’attendre. Mais je pense que le public a eu peur.
– Et maman et papa ?
– La plupart du temps, ils semblaient en colère, préoccupés. Ils se disputaient souvent.
– Alors pourquoi maman remettrait ça ?
Elle grimaça. « Elle veut pas, Noah. Elle est obligée. C’est Sydney qui en meurt d’envie.
– Mais pourquoi ? Et pourquoi maman refuse d’utiliser les anciens plans de papa?
– Je l’ignore. » Pour le première fois de ma vie, je ne la crus pas.
J’ai encore du mal à identifier exactement comment mais Shaun Hamill arrive à nous proposer un récit qui installe chez le lecteur un sentiment de malaise au fur et à mesure de la lecture tout en rendant son histoire particulièrement addictive, du genre à vous faire passer des nuits blanches. Pour autant, on est loin d’un récit linéaire : beaucoup de questions, peu de réponses (très lovecraftien ça) et un sentiment grandissant que le monde est plus que ce que l’on veut bien nous montrer. Un récit très habile dans la même veine qu’American Elsewhere de Robert Jackson Bennett ou des livres de Stephen King. Un récit accessible aussi, peut être plus qu’American Elsewhere qui pourra satisfaire aussi bien les amateurs de thrillers fantastiques que les lecteurs de SFFF.
Au final, c’est un très bon roman, parmi mes meilleures lectures de l’année même si je me dis qu’une seconde lecture ne serait pas de trop pour comprendre tous les recoins de cette histoire en connaissant la fin. Un premier roman qui claque franchement, très maitrisé et qui atteint son but : faire vivre le récit au lecteur entre peur, malaise et questionnement.
Un page turner fantastique détonnant qui sait ébranler son lecteur, comme dirait Nath Aely : « J’en rêve encore » !







Belle chronique et je partage tout à fait ton avis 🙂
Merci 😉
Ma lecture la plus marquante aussi de l'année.
Avoue c'est le chien avec une cape qui t'a convaincu 😉
Un roman très surprenant je suis d'accord, contente que ça t'ait plu 🙂
Il est dans ma wish-list, Lovecraft, ça me tente !