
On l’appelle le Voyageur
Sous la canopée, il s’est découvert un pouvoir, celui de se téléporter d’arbre en arbre. Épuisé, il finit par atteindre un village peuplé par les descendants de la déesse Dana, une communauté menacée par les Fomoires, anciennement appelés “géants de la mer”. Là, il rencontre Sylve, une étrange jeune femme au regard masqué par d’impénétrables lunettes de glacier. Pour rester avec elle, dans ce village interdit aux Humains, le Voyageur devra mériter sa place.
La fatigue du voyage érodait ses souvenirs du passé, les paysages nouveaux remplaçaient les images du verger, les êtres étranges qu’il croisait effaçaient jusqu’à son visage à elle.
Il ne subsistait que les légendes.
Le Voyageur expliqua qu’après avoir soumis toute la création, les humains l’oublièrent peu à peu et se retirèrent dans des cités de fer et d’acier. L’humanité s’illusionna et crut faire de l’or avec de la boue, alors que seuls les poètes en ont le pouvoir. De ses forteresses de verre et de béton, elle dirigeait le monde et craignait ses semblables.
Rivages, c’est une histoire où il n’y a pas de grand méchant à tuer, de guerre à faire, d’anneau à détruire ou de prophétie à suivre. Il est plutôt question de vivre ensemble, de quête d’identité et d’inspirations, et cela peu être assez déroutant pour le lecteur habitué à des styles de fantasy plus traditionnels ou du moins plus « rentre dedans ». Il y a de l’amour, de l’amitié, des choix à faire parfois douloureux, de la magie, des rencontres et des voyages aussi bien physique qu’intérieur. Bref c’est une très belle fresque de fantasy contemplative très agréable à découvrir.
Au début, Rivages devait être un one-shot mais l’auteur a finalement écrit une suite La fin des étiages qui sortira en Avril 2020. Je dois dire qu’avec le fin très ouverte de ce premier tome, j’espère que la trame narrative de La fin des étiages reprendra grandement celle de son prédécesseur pour continuer à développer l’univers et nous donner quelques clés sur son fonctionnement.
Mais la coopération se transforme quelquefois en compétition âpre et sans pitié. Lutte pour l’accès à l’eau, corps à corps pour de l’espace, course vers la lumière. Le figuier étrangleur excelle dans cet affrontement : ses graines se posent dans les branchent de ses congénères innocents, germent en se nourrissant d’eau de pluie et des déchets qu’elle véhicule, poussent doucement, les racines vers le bas, les tiges vers le soleil. Petit à petit, le figuier étrangleur recouvre son hôte, ses racines s’enfoncent dans le sol, ses branchent percent la canopée, puis il devient autonome, solidement planté sur ses échasses. Quant à l’arbre sur lequel il a poussé, il continue à survivre tant bien que mal, embarrassé, prisonnier.
Vous l’aurez compris, j’ai apprécié mon incursion dans la forêt en compagnie des Ondins et des autres peuples du Domaine. Après Sémiosis de Sue Burke et son Planet Opera écologiste, Albin Michel Imaginaire nous propose avec Rivages de Gauthier Guillemin, une fantasy qui questionne notre rapport à la nature avec une approche plus philosophique que scientifique mais qui n’en reste pas moins juste. C’est pour moi un premier livre réussi, une plume délicate et une ambiance envoutante qui invite au voyage.


Merci pour cette lecture qui a accepté de prendre le temps de la découverte et du voyage. Il ne m'en faut pas plus. Bonnes lectures à venir, et je vois que vous n'en manquez pas.
Ce fut un très agréable voyage et, il faut le dire, une très belle découverte. J'avoue être très curieuse de lire La fin des étiages, où allez-vous nous emmener cette fois-ci ? 😉
Chouette criti<ue, j'avais adoré ce voyage et cette ambiance paisible. Un feel good book qui a beaucoup de charme.
Tu mets le doigts exactement sur le bon qualificatif : de la feel-good fantasy 😉
Je suis passée à côté pour ma part.
Je peux comprendre. J'avoue que je pense l'avoir lu au bon moment pour pouvoir l'apprécier pleinement 😉
Bon retour parmi nous après cette belle balade en forêt ^^