J’ai eu la chance au mois de Février de participer à la soirée de lancement organisée par Le Bélial’ pour le nouveau roman de Daryl Gregory : Harrison Harrison. Une très belle soirée, d’autant plus que Nicolas Fructus, qui a réalisé la couv’ et les illustrations intérieures, était présent. J’ai donc eu le droit à un très beau SP dédicacé en plus d’avoir rencontré plein de personnes passionnantes.
Harrison a un problème avec l’océan. Qui a sans doute à voir avec le fait que lorsqu’il était tout gamin, « quelque chose s’y est passé »… Un quelque chose proprement horrible dont il n’a aucun souvenir conscient, mais qui a coûté la vie à son père, lui vaut une prothèse carbonée en guise de jambe droite, et des douleurs fantômes pour occuper ses nuits. Or, la thalassophobie, quand votre mère est océanographe, c’est assez compliqué. Surtout quand cette dernière se pique de mener une mission improbable au large de Dunnsmouth, petite bourgade portuaire typique de Nouvelle-Angleterre, avec ses pignons, son vieux phare, son architecture georgienne typique, son collège au style gothique suranné et ses habitants aux allures de poissons morts. À moins que ce ne soit l’imagination d’Harrison qui en rajoute un brin… Il faut dire que le poisson, Harrison, il n aime pas beaucoup ça. Or voilà que sa mère disparaît à son tour, victime d’un accident alors qu’elle disposait des balises en haute mer…
Harrison Harrison est à la fois un one-shot et en même temps le préquel de Nous allons tous très bien, merci. On m’a fait remarquer que ce livre est un livre Young Adult. C’est vrai même si pendant ma lecture ce classement ne m’était pas venu à l’esprit. Le personnage principal a 16 ans et c’est ses tribulations dans la ville de Dunnsmouth que nous allons suivre tout au long du récit.
Harrison Harrison est un jeune homme de 16 ans responsable et bien dans sa peau, malgré un certain problème avec l’eau et des crises de colère récurrentes. Il a, par rapport à sa mère, qu’il qualifie souvent de « Scientifique Distraite », la tête sur les épaules et s’il a quitté ses camarades de lycée et la Californie pour les côtes de la Nouvelle-Angleterre c’est pour suivre celle-ci dans sa nouvelle étude scientifique à la recherche du calamar géant. L’arrivée à Dunnsmouth est déroutante, aussi bien le lycée que la ville semble vivre dans une autre époque : les téléphones portables ne passent pas, les cours dispensé dans un lycée au style baroque sont parfois fantaisistes (bien que savoir réparé un filet de pêche peut toujours servir) et que dire de la séance de volontariat des élèves qui ressemble fort à une messe d’une religion inconnue ? Harrison Harrison a de quoi s’interroger et d’autant plus qu’à peine arrivée, sa mère disparait en mer… mais que cherche à cacher les habitants de Dunnsmouth ?
Des élèves entrèrent dans la salle, aussi silencieux que des croque-morts. Personne ne bavardait ni ne plaisantait. Le Volontariat, selon toute vraisemblance, n’avait pas pour vocation de libérer les foules.
Tout d’abord je voudrais dire : oui il y a des tentacules, oui il est question de choses inexpliquées liées à l’océan, oui il est également question de cultes obscures et de rencontres cosmiques MAIS ce n’est pas pour autant qu’il faut « réduire » ce livre à un énième récit Lovecraftien (ce qui n’est pas non plus une critique puisque j’en suis assez friande). Bref, ce que je voudrais que vous, potentiels lecteurs, reteniez c’est que même s’il y a quelques clins d’œil à Lovecraft, ce récit original est avant tout un très bon récit d’aventure fantastique.
Une pensée affreuse me vint. Ce patelin était-il seulement équipé pour recevoir le câble ? Je parcourus la maison. Elle était meublée façon ermite antique : un canapé au cadre fait de planches tachées, de lourdes chaises en bois, une table de cuisine en chêne aussi large qu’un radeau. Des tapis tissés recouvraient le plancher qui semblait avoir été gondolé par une inondation. Il n’y avait pas beaucoup de prises électriques, et aucun câble mural que la ligne du téléphone fixe.
On n’allait quand même pas utilisé un modem, non ? Ce n’est pas acceptable. Une mission scientifique de deux mois était une chose, mais il n’avait jamais été question de devenir amish.
J’ai beaucoup apprécié de découvrir la plume de Daryl Gregory : immersive, un brin théâtrale avec une pointe d’humour corrosif ce qui rend son récit particulièrement attractif. Le décor : la ville de Dunnsmouth. Les personnages : habitants, élèves et personnes importés dans la ville comme Harrison Harrison et sa mère. S’ajoute ensuite les éléments fantastiques qui intègrent peu à peu le récit et on a l’impression de découvrir une pièce de théâtre en trois actes. C’est fort bien mené, avec du suspense, des questions, quelques surprises et un final à la hauteur.
Je dois de plus ajouter que les éditions Le Bélial’ ont fait un superbe boulot d’édition. Les dessins intérieurs de Nicolas Fructus illustrent parfaitement le récit et rajoute à l’ambiance surnaturelle que développe l’auteur. De plus, l’illustration de couverture avec son vernis sélectif et celle des rabats forment un très bel objet livre.
Au final, un très bon roman fantastique, plutôt YA mais pas que. Un roman qui est un récit d’aventure fantastique avec une mise en scène théâtrale pleine d’humour discret. Une lecture facile, des décors travaillés, une atmosphère prenante et un potentiel énorme pour un univers qu’on ne fait qu’effleurer. Bref, une excellente découverte et une très belle édition.
Livre disponible en numérique ici ou ici.
Ca fait envie !
Je pense que ça te plairait 😉
"ce n'est pas pour autant qu'il faut "réduire" ce livre à un énième récit Lovecraftien" : on m'appelle, on me parle ? Je me sens complètement visé par cette phrase… mais je ne suis pas encore convaincu, désolé. =P
Je visais effectivement les lecteurs réfractaires à Lovecraft XD
Mais bon, j'ai pas été assez convaincante apparemment ^^
Rien que pour les illustrations je bave 😀
(Lovecraft par contre ne me passionne pas, ça me rassure de ne pas avoir besoin d'être expert sur lui pour apprécier la lecture)
Le livre en lui-même est très beau et les illustrations sont excellente. Franchement on peut vraiment oublier Lovecraft pour ce livre ce n'est pas le coeur du récit 😉
Tu as éveillé mon intérêt. Je ne pensais pas du tout que ça parlait de ça, je crois que je le classais vaguement en SF futuriste (lol). C'est plutôt ma came, a priori. Même si je pense avoir un aperçu de la chose parce que "Dunnsmouth" ça ressemble vachement à "Innsmouth" chez Lovecraft. 😉
Il y a clairement beaucoup de clins d'oeil à Lovecraft même si on est pas du tout dans le même style de récit. Daryl Gregory a un humour assez fin et une mise en scène très sympa. Il vaut vraiment le détour 😉
Je ne suis pas branché YA, mais vu que c'est Daryl Grégory et que ça parle de mer, je ferais peut-être bien une exception. A voir.
C'est du YA sans en être vraiment… je n'ai pensé à cette étiquette qu'à la fin de ma lecture car le personnage principal n'a que 16 ans 😉
C'est un récit très sympa à lire, j'ai beaucoup aimé découvrir la plume de Daryl Gregory.