La fin des étiages de Gauthier Guillemin

Après un premier roman Rivages qui aurait du être en one-shot… mais en fait non, Gauthier Guillemin nous autorise une seconde balade dans Le Dômaine et revient avec La fin des étiages qui est paru début Juillet chez Albin Michel Imaginaire. Suite directe de Rivages et une très belle surprise !

On l’appelle le Voyageur.
Il a quitté le village de son épouse, Sylve, pour honorer une dette ancienne, pour retrouver les mers et les océans depuis trop longtemps perdus. Et il a disparu.
A-t-il été capturé ou tué par les Fomoires, s’est-il égaré, continue-t-il son voyage vers les rivages ?
Au village, nul ne le sait.
Neuf mois après le départ de l’homme qu’elle aime, trop inquiète pour rester sans rien faire, Sylve décide de partir à sa recherche, d’affronter une forêt où les merveilles se disputent aux dangers.

Après un premier roman RivagesGauthier Guillemin nous proposait une Fantasy douce dans un genre « nature writing », l’auteur nous surprend avec une suite où, si l’univers reste le même, Gauthier Guillemin fait doucement évoluer son récit d’une Fantasy contemplative à un roman qui fleure bon le Steampunk.

Zeneth considérait ces agressions comme une des manifestations de la farouche opposition de la forêt à toute tentative exploratoire venant des nardenyllais. Depuis une dizaine d’années, la cité se heurtait régulièrement à des forces peu commodes faisant barrage aux projets qui menaçaient d’empiéter sur la foret. Le défrichage de nouvelles terres devenait très complexe, l’exploitation du fleuve en aval réveillait des créatures marines féroces, la végétation submergeait les nouvelles routes.

La fin des étiages se situe pratiquement directement à la suite de Rivages. Neuf mois se sont écoulés et Sylve n’a aucune nouvelle du Voyageur. Ce second tome est donc centré sur Sylve et ses recherches pour découvrir ce qu’il est advenu de son mari. Mais on y suit également Quentil qui, depuis le départ du Voyageur, arpente lui aussi le Dômaine et vient d’arriver dans la capital des Nardellynais : Nar-î-Nadin. Une ville qui contraste avec le reste du Dômaine. On y trouve de nouvelles machines à vapeur qui émerveillent les nouveaux arrivants. Le roi des Nardyllenais fait montre de nombreuses ambitions et d’un paranoïa aiguë. C’est dans ce contexte que Quentil, Sylve et Sente vont à la fois partir à la recherche du Voyageur et des cotes océanique légendaires.

Là où Rivages était un récit de voyage contemplatif et très descriptif, La fin des étiages est un récit de voyage tourné vers le changement et l’urgence dans le mouvement. Personnellement, j’avais apprécié la balade dans le Dômaine en compagnie du Voyageur dans Rivages, la découverte des Ondins et de leur vie au sein du village de Sraidbhaile. Avec La fin des étiages, notre horizon s’élargie et l’auteur lève le voile sur un univers vaste où la nature est reine et j’ai encore plus aimé le voyage. Il y a plus d’action et les retournements de situation rendent le récit plus addictif mais surtout j’ai aimé découvrir plus en profondeur des personnages qui n’étaient qu’au second plan dans le premier tome.

Les peuples de la forêt avaient leur propres finalités, motivées par ce qu’ils connaissaient de leur environnement, conscients qu’ils ignoraient une grande partie du réel, même si la magie leur dévoilait par intermittence de larges pans d’un univers beaucoup plus mouvant que la raison le souhaiterait.

Cet univers riche et foisonnant, qui mélange légendes à la Tolkien, Steampunk et même une petite dose de SF (certains détails m’ont titillé) est foncièrement attachant et les systèmes de déplacement au sein du Dômaine sont très originaux. Gauthier Guillemin a fait un pari assez osé au final : écrire une suite à un one-shot, changer de ton et d’atmosphère et même de personnage principal. Si certains passages m’ont un peu moins convaincu et que les relations entre les différents peuples auraient pu être plus approfondis, avec par exemple une préface sous forme d’ « historique » sur les légendes des peuples Ondins et Fomoires, pour moi le pari est tout de même réussi et ces deux romans comme deux facettes d’une même pièce assurent dépaysement et émerveillement sur une nature omniprésente voire oppressante.

Comme d’habitude (mais on s’en lasse pas), Albin Michel Imaginaire continue à nous proposer des romans de SFFF originaux de part leurs univers et les thèmes abordés. La fin des étiages est un roman où la Fantasy côtoie le Steampunk et l’écologie, et où le mouvement est à la fois source de liberté et d’enfermement. Une très belle conclusion a une épopée forestière remplit de beauté et de savoir enfouie.
Il est intéressant de noter que c’est mon troisième roman de l’année où la mémoire est un thème central du récit. Source de réflexion sur sa présence ou non au sein d’une communauté. Un thème qui, en ce moment, résonne particulièrement avec l’actualité.

A partir de maintenant, leur annonça-t-il, nous entrons dans la partie secrète de nos archives.

#S4F3s6

5 commentaires

  1. « Une très belle conclusion a une épopée forestière » : mais est-on vraiment sûr que c’est bien terminé cette fois ? =P
    Ce tome-là me motive bien plus que le premier. À voir si je me motive à lire le 1 un jour… ^^’

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