Après le très très bon Les meurtres de Molly Southbourne de Tade Thompson que j’ai lu un an après sa sortie, j’ai pu pratiquement directement enchainer avec le tome 2 : La survie de Molly Southbourne. Parlons de ce tome 2, est-il à la hauteur d’un tome 1 horriblement original dont je vous parlais ici ?
Attention spoiler : ceci est la chronique d’un tome 2, vous risquez de vous spoiler le tome 1 en la lisant. Si vous voulez avoir mon avis sans spoile, je vous propose d’aller directement à la conclusion 🙂
Qui est Molly Southbourne ?
Une jeune femme dont le sang possède l’effroyable capacité de faire naître d’agressifs doubles d’elle-même. Mais Molly est morte dans l’incendie de son domicile. De la jeune femme, il ne reste plus que les ruines fumantes d’une maison, des cadavres brûlés, et un double – une autre Molly. Pour cette nouvelle Molly, tout est à recommencer : certains veulent la voir morte, d’autres cherchent à la capturer, brûlant de connaître les secrets de sa nature étrange. La jeune femme devra apprendre à fuir. À survivre. Et, peut-être, surtout, apprendre à vivre.
Dans La survie de Molly Southbourne, nous ne suivons plus Molly mais une Molly, celle que la Molly originelle (Molly Prime) a fait sortir de la maison avant qu’elle ne brule de fond en comble. Une Molly donc, plutôt perdue après avoir été jetée dans le grand bain de la vie avec seulement les souvenirs de Molly Prime et un numéro de téléphone tatoué sur son bras. Que faire de sa vie quand tous les souvenirs que l’on a sont ceux d’une autre ? Envies, rêves : comment se construire alors qu’on a même du mal à savoir qui l’on est ? Et cela va s’avérer d’autant plus difficile qu’une partie du passé de Molly Prime va faire surface et que même si les règles ne s’appliquent pas à Molly, les capacités de survie de Molly Prime pourraient s’avérer indispensable.
Après nous avoir proposé un premier tome aussi (d’)étonnant que réussi, Tade Thompson prolonge l’histoire tout en changeant de personnage. Choix déstabilisant qui prend le lecteur à contre pied mais qui s’avère judicieux. En effet, difficile de faire suite à un livre basé sur une énorme révélation, l’effet de surprise passée, on peut se demander si le récit ne va pas tomber à plat. Personnellement je trouve que Tade Thompson réussi ce tour de force avec La survie de Molly Southbourne de nous entrainer dans un récit sous haute tension, haletant qui enrichit encore l’univers entraperçu dans Les meurtres de Molly Southbourne. Certes différent de son approche du récit de Molly prime, mais arrivant à creuser des thèmes déjà abordés dans le tome 1 notamment celui de la santé mentale. Le récit est riche et son aspect très psychologique m’a complètement scotché à l’histoire.
Comme je ne cours aucun risque, j’oublie ces règles, et j’oublie aussi la gym et le combat à main nues dont Molly a eu besoin depuis l’enfance afin de survivre. Une ouvrière n’a aucun chance de pondre des œufs. Tout ce que j’ai à faire c’est garder la tête basse et les lèvres closes, mener une vie tranquille quoi qu’il arrive. C’est la clé de la survie.
Plongée dans les pensées d’un des clones de Molly Prime qui se découvre au fur et à mesure la possibilité d’exister à part entière est assez flippant. Pas de doute, on reste dans un style SF horrifique : surtout que l’auteur donne à son histoire une tension permanente où l’on a systématiquement envie de regarder par-dessus l’épaule de Molly pour savoir si un danger menace. Ce tome 2 est clairement moins spectaculaire, moins sanglant également mais par contre il approfondit le thème du rapport à soi et au corps d’une manière qui m’a beaucoup plu. Le rapport aux autres également avec la recherche d’une normalité inatteignable.
Je continue de voir des mollys, debout sous la pluie parmi la foule de gens attendant le bus, derrière le comptoir d’une cafète dont le reste du personnel ne s’approche pas, sur l’écran de télé coincé entre les baffles, parmi les plantes dans le jardin ouvrier derrière ma fenêtre, flottant au-dessus de mon lit passé minuit, attendant devant un passage pour piétons quand je suis dans le bus, toujours à me fixer, à me traquer.
La survie de Molly Southbourne est, pour moi, un deuxième tome réussi. Basé sur une tension permanente et un récit très psychologique, il happe le lecteur avec une histoire qui reste original mais dans un style qui évolue. Je ne peux m’empêcher de me demander où l’auteur va nous emmener avec le tome 3. Cette série est bien partie pour ce faire une place parmi mes incontournables récents !
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