Quitter les monts d’automne d’Emilie Querbalec

Albin Michel Imaginaire propose non pas un mais deux romans pour cette rentrée littéraire 2020 : Quitter les monts d’automne d’Emilie Querbalec et La marche du levant de Léafar Izen. C’est de ce premier roman dont je vais vous parler aujourd’hui pour sa sortie en librairie. Le second est dans ma PAL et je vous en parlerai rapidement également.

Recueillie par sa grand-mère après la mort de ses parents, la jeune Kaori vit dans les monts d’Automne où elle se destine à être conteuse. Sur Tasai, comme partout dans les mondes du Flux, l’écriture est interdite. Seule la tradition du « Dit » fait vivre la mémoire de l’humanité. Mais le Dit se refuse à Kaori et la jeune fille se voit dirigée vers une carrière de danseuse.Lorsque sa grand-mère meurt, Kaori hérite d’un rouleau de calligraphie, objet tabou par excellence, dont la seule détention pourrait lui valoir une condamnation à mort. Pour percer les secrets de cet objet, mais aussi le mystère qui entoure la disparition de ses parents, elle devra quitter les monts d’Automne et rejoindre la capitale.Sa quête de vérité la mènera encore plus loin, très loin de chez elle.

Premier roman d’une autrice francophone a être publié chez Albin Michel Imaginaire, Quitter les monts d’automne est un roman qui cache bien son jeu. Débutant comme un récit d’apprentissage frôlant la Fantasy, celui-ci se transforme en planet opera puis en space opera le tout en moins de 450 pages. C’est donc un roman qui se joue des cases mais qui en coche beaucoup et le tout avec beaucoup de facilité dans la narration… mais rentrons un peu dans le vif du sujet.

Les histoires sont comme les nuages : on a beau vouloir les saisir, elles finissent toujours par s’effilocher au vent. Mais elles ne disparaissent pas. Elles restent là, cachées sous les voiles invisibles du Flux, près de nous, prêtes à renaître au moindre souffle.

Ce récit est avant tout celui de Kaori que l’autrice nous présente moins comme une héroïne que comme une narratrice de sa propre vie. Nous découvrons Kaori adolescente, vivant dans les monts d’automne sur la planète Tasai. Elle y vit avec sa grand-mère qui est conteuse : un talent précieux sur Tasai où tout écrit est interdit et où le « Dit » est le seul moyen de transmettre une mémoire qui semble atavique. Kaori n’a pas hérité du don de sa mère et de sa grand-mère, elle se destine donc, par défaut, a devenir danseuse. Mais pour Kaori, jeune fille éprise de liberté et un poil égoïste, la mort de sa grand-mère et la découverte d’un rouleau calligraphié seront le signal de départ pour quitter les monts d’automne et tenter de rejoindre la capitale.

Mon ignorance d’alors me fait sourire, mais tel était l’environnement dans lequel j’avais grandi : un monde pré-technologique, où le Flux, seul détenteur du Verbe et du Savoir, nous condamnait à la pensée magique en lieu et place de science.

L’univers que nous fait découvrir pas à pas Emilie Querbalec est fascinant. Alors que le début du roman se déroule dans un cadre japonisant très traditionnel et pré-technologique, le récit se décale progressivement pour devenir celui d’un voyage à travers Tasai dans un style planet opera qui rappelle les romans de Jack Vance pour finalement nous propulser vers les étoiles dans le plus pur style space opera. La plume d’Emilie Querbalec invite au voyage et à la découverte. L’idée assez incroyable d’un univers où les écrits n’existent pas : pas de livres, pas de lecture, des connaissance seulement transmises par apprentissage. Et le Flux, cette entité omniprésente, omnipotente qui gouverne tout mais qui nous est impalpable. Un savant mélange d’environnement connu et étranger qui assure dépaysement et curiosité. Bref, j’ai été transportée par le récit : de la vie de village au voyage relativiste de plusieurs centaines d’années.

Petit à petit, j’en vins à penser que ce que je prenais autrefois pour de la magie relevait en réalité de la connaissance précise de la matière et des forces qui l’animaient.

Impressionnée par le deuxième roman de l’autrice, j’ai aussi été un peu dépitée par son personnage principal. Pas une héroïne mais une narratrice, un personnage balloté au fil de ses rencontres et des décisions des autres sans une vraie voix au chapitre ou une idée précise de l’environnement où elle tente de naviguer. J’avoue que ce genre de personnage qui navigue à peine à vue et relativement égoïste dans ses décisions, c’est pas totalement ma tasse de thé. Une opinion complètement personnelle et qui ne m’a pas non plus empêché d’apprécier ma lecture, plutôt un regret : il aurait fallu peu de changements pour que ce soit un coup de cœur pour moi.

Quitter les monts d’automne est un roman ambitieux. Emilie Querbalec a des talents de conteuse indéniable et une plume qui transporte. Son roman, mélange de traditions et de futurisme joliment dosés, décrit un univers qui colle à l’imagination du lecteur. Au final, c’est juste beau.

#ssw

27 commentaires

  1. Nous sommes sur la même longueur de Flux !
    Jusqu’aux citations, j’avais stabiloté les mêmes.

    (Rien à voir, je viens de tester ta fonction imprimer en pdf, cela fait tout de même pas mal de pages…)

    • Pour une fois j’avais noté les extraits qui me plaisaient !
      Pour l’impression en pdf c’est plus pour les News à la base mais c’est encore en phase de test 😉

    • Je vois qu’une seule réponse possible: tu es blacklisté par mon thème de blog et ta punition c’est un avatar flou…
      Bon sinon je sais pas du tout pourquoi ^^

    • C’est un livre qui vaut le détour surtout pour la plume de l’autrice. Je lui trouve quelque défauts mais le voyage est franchement beau.

  2. Belle chronique ! C’est un beau livre mais j’avoue m’être assez ennuyée dans la partie centrale. Mais j’aime beaucoup la plume de l’autrice donc je continuerai de suivre ce qu’elle fait.

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