Lors de la dernière opération Masse Critique Babelio, j’ai eu le plaisir d’être sélectionnée pour recevoir : Vers les étoiles de Mary Robinette Kowal. Paru en Octobre chez Denöel Lune d’Encre, la chronique de Lianne m’avait donné très envie de découvrir la plume de l’autrice américaine et le premier tome de sa série Lady Astronaute.
Une femme. Une mission. Sauver le monde.
1952. Une météorite s’écrase au large de Washington, dévastant une grande partie de la côte Est des États-Unis et tuant la plupart des habitants dans un rayon de plusieurs centaines de kilomètres. Par chance, Elma York et son mari, Nathaniel, en congé dans les Poconos, échappent au cataclysme et parviennent à rejoindre une base militaire.
Elma, génie mathématique et pilote pendant la Seconde Guerre mondiale, et Nathaniel, ingénieur spatial, tentent de convaincre les militaires que la météorite n’a pu être dirigée par les Russes. Mais, ce faisant, ils découvrent que la catastrophe va dérégler le climat de manière irréversible et entraîner, à terme, l’extinction de l’humanité.
Seule issue : l’espace. Une coalition internationale lance un programme spatial de grande envergure… inaccessible aux femmes. Elma compte pourtant bien y prendre part et devenir la première Lady Astronaute.
Je pouvais facilement calculer le rayon de l’onde de choc d’un V2, la puissance d’un combustible de fusée.Mais ça… ça n’avait rien à voir avec une série de chiffres alignés sur une feuille de papier. Et je manquais de données pour obtenir un résultat fiable. Je n’avais qu’une seule certitude : tant que la radio continuait à diffuser ses programmes, ce n’était pas une bombe A. Mais quelle que soit la nature de l’explosion, c’était gigantesque.
A la fin des années 50, Elma et Nathaniel York viennent juste de se marier et passe un week-end loin de Washington lorsque un astéroïde s’écrase au large de la côté Est des États-Unis. Nathaniel est ingénieur dans l’aérospatial et Elma, en plus de ces deux doctorats en physique, est une ancienne WASP (Women Airforce Service Pilots) ayant servi durant la seconde guerre mondiale. Sains et saufs, le couple tente de rejoindre ce qu’il reste des autorités militaires du pays. De part ses compétences, Nathaniel se retrouve rapidement au sein des commités de décisions du gouvernement, notamment pour savoir si les russes sont derrières cet attentat à la météorite.
Elma, de son coté, va faire une découverte qui va de nouveau bouleverser les cartes : les changements climatiques induits par la météorite sont bien plus importants que premièrement envisagés, après une courte aire glaciaire la Terre va se réchauffer au point de ne plus être vivable pour l’Homme. L’espace devient alors un nouvel El Dorado et un programme spatial international est lancé. Pour Elma, c’est un nouvel objectif : devenir la première Lady Astronaute.
Ouah, quel roman ! Happée dès les premières pages, ce livre est un page turner intelligent, inclusif et très documenté : bref, un régal et je ne vous cache pas que ses 500 et quelques pages sont passées bien trop vite !
Mais parlons-en un peu plus en détails.
Vers les étoiles est tout d’abord une uchronie. La déviation semble se situer à la fin de la 2nde Guerre Mondiale avec l’élection en 1948 de Thomas Dewey à la place de Harry S. Truman. Cette rupture est discrète et peu mise en avant dans le livre, la météorite ayant la part belle du changement. Un évènement qui rebat les cartes de l’Humanité et la pousse vers les étoiles. Vers les étoiles est donc le premier tome de la série Lady Astonaute, d’abord la Lune puis Mars et ensuite les étoiles !
Mary Robinette Kowal nous propose un récit incroyable. Celui d’une femme brillante ayant eu deux doctorats, ancienne pilote dans l’armée de l’air et mathématicienne de génie mais qui souffre d’anxiété sévère. Parler devant un public, se mettre en avant lors d’une interview ou d’une présentation devant le président des États-Unis sont ce qui se rapproche le plus de la torture intellectuelle pour Elma.
Le personnage principal de Vers les étoiles est donc une femme exceptionnelle avec ses faiblesses, ses qualités et ses rêves qui va se battre avec ses armes (notamment la science et une manière bien à elle de la rendre accessible à tous) contre le sexisme et le patriarcat ordinaire de cette époque. Mais c’est aussi une femme amoureuse qui forme avec son mari un couple fort où chacun est le soutien de l’autre. Sans le vouloir, Elma York va se retrouver l’idole de toute les jeunes filles qui voient en elle LA lady astronaute et c’est son mari qui sera son premier soutien.
Ces petites filles me croyaient capable de tout. Elles me croyaient capable d’aller sur la Lune. Et grâce à ça, elles se croyaient capables d’y aller elles aussi. Voilà pourquoi je devais continuer. À leur âge, j’aurais eu besoin de quelqu’un comme moi. D’une femme comme moi.
J’ai trouvé qu’humainement et scientifiquement ce récit est passionnant. Mary Robinette Kowal parle de sexisme, de harcèlement, de racisme, de maladie mentale et de deuil avec une grande facilité de narration sans tomber dans le pathos. De la justesse et de la sensibilité pour un récit d’envergure, difficile de ne pas être prise au jeu de cette chronique d’une conquête spatiale à l’échelle mondiale et de la vie des femmes et des hommes qui vont la mener.
La plume de l’autrice est immersive, addictive et très visuelle. A la lecture de ce roman, j’ai eu l’impression que l’autrice avait fait très attention aux détails scientifique et historiques. Impression confirmée par l’autrice à la lecture de sa postface. Mary Robinette Kowal a su s’entourer lors de la rédaction de son livre pour amener du réalisme dans une uchronie très maitrisée et franchement passionnante à tous les niveaux.
« Clemons ne représente rien, d’accord ? Il m’a convoqué aujourd’hui parce que le public te trouve intelligente, courageuse, drôle et gentille. Les gens veulent être comme toi. Tu sais ce que dit le président Brennan ? »
J’ai secoué la tête, les mains encore sur ma bouche.
« D’après Clemons, le président Brennan dit que sa propre fille demande pourquoi elle ne peut pas devenir astronaute. »
Un énorme coup de cÅ“ur pour moi et une grosse envie que la suite arrive vite en VF. Elma York, c’est cette héroïne à la fois extraordinaire et banale que j’ai envie de retrouver plus souvent dans les récit de SF. Après Mes vrais enfant de Jo Walton, la meilleure uchronie que j’ai lu. Le mélange brillant de réalisme et de SF en font un véritable page turner et le talent de conteuse de Mary Robinette Kowal un récit immersif et inclusif : à lire absolument.
Contente de voir que tu l’as autant apprécié ^^
C’est vrai que ce livre est bourré de qualités !
Oh que oui ! Je suis très curieuse de lire la suite.
Han, ça a vraiment l’air excellent. *_*
Faut quasiment que je ne lise pas prochainement tant j’ai des attentes hautes après tous ces coups de cÅ“ur, et en même temps je sens qu’il n’y a pas de doute que ça va me plaire. ^^
Je ne sais pas si ce sera un coup de cœur pour toi mais je suis pratiquement sure que tu apprécieras grandement ta lecture, laisse-toi tenter 😉
Superrrrr !
Oui 🙌
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Vous donnez tous et toutes très envie de le lire !
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