Ma troisième audiolecture de l’année est le premier tome d’une série de space opera originalement édité chez Actes Sud, qui a été adapté en série par SyFy (que je n’ai pas vu mais qui semble-t-il connait un joli succès) et que j’ai eu le plaisir d’audiolire grâce à Audiolib et Netgalley. The Expanse est une série actuellement en cours, les auteurs, Daniel Abraham et Ty Frank qui écrivent cette série sous le nom de plume James S.A. Corey, ont cependant annoncé que le tome 9 à paraitre en VO au mois de Novembre clôturera la série. Pour ce format d’audiolivre, le texte est lu par Thierry Blanc.

Jim Holden est second sur un transport de glace qui effectue la navette entre les anneaux de Saturne et les stations installées dans la Ceinture d’astéroïdes. Quand son équipage et lui croisent la route du Scopuli, ils se retrouvent en possession d’un secret pour lequel certains sont prêts à tuer. Une guerre s’annonce s’il ne découvre pas qui a abandonné ce vaisseau, et pourquoi. L’inspecteur Miller recherche une jeune femme dont les parents sont riches et influents. Son enquête le mène au Scopuli et à Holden. Entre le gouvernement de la Terre, les révolutionnaires des planètes extérieures et certaines firmes aux visées obscures, Holden et Miller doivent jouer finement : leurs chances de réussir sont minces.
Dans le futur, l’humanité a colonisé le système solaire grâce à des moteurs d’un type nouveau qui permettent les voyages spatiaux. Ces voyages restent long mais ils ont permis à l’Humanité de terraformer Mars et de coloniser plusieurs astéroïdes de la ceintures d’astéroïdes qui sont exploités pour les minéraux ou pour la glace. Dans ce nouvel environnement, les jeux politiques sont tendus, entre la Terre et Mars, la course à l’armement est toujours d’actualité. Ces deux grandes puissances appliquent une pression constante sur les habitats de la ceinture afin d’obtenir les matières premières dont elles ont besoin. Les travailleurs de la ceintures sont ainsi dépendants du bon entretien des habitats dans lesquels ils gravitent, soumis à des réseaux mafieux et aux cadences de travail à entretenir pour que leurs approvisionnements en eau et nourriture soient au rendez-vous.
– Voilà, c’est pour ça que jamais je ne pourrai assumer un commandement, dit-elle.
– Vous n’aimez pas prendre une décision difficile quand les infos manquent ?
– C’est plutôt que je ne suis pas une irresponsable suicidaire, répliqua-t-elle.
C’est dans cet environnement que nous découvrons les deux personnages principaux :
- l’un, Jim Holden, est un jeune terrien, second dans l’équipage d’un transport de glace. Croiser la route d’un vaisseau abandonné va le placer au centre des enjeux du système solaire,
- l’autre, Miller est un inspecteur expérimenté ayant pas mal roulé sa bosse. Ceinturien, faisant parti des forces de police de Cérès, c’est une enquête pour disparition qui va le mener lui aussi au centre de l’échiquier politique entre Mars, la Terre et la ceinture.
Ce premier tome de The Expanse navigue entre space opera et polar interplanétaire en construisant un univers politique et social autour de l’exploitation des ressources du système solaire, le tout vu à travers deux personnages diamétralement opposés : un terrien privilégié plein d’idéaux et un ceinturien désabusé mais lucide. On ajoute un peu de mystère, des personnages bien campés et la découverte que l’Homme n’est pas seul dans l’univers, et on obtient un space opera facile d’accès et punchy. Ayant audiolu ce premier tome, j’ai pu passer 21h en compagnie de Holden et Miller avec la voix de Thierry Blanc. Encore un très bon lecteur que je vais pouvoir ajouter à ma liste de ceux qui savent lire et me faire entrer dans le récit.
La transfusion d’Holden était achevée. Il ôta les aiguilles de son bras et laissa les fins tentacules métalliques se rétracter. Alors qu’il redescendait sa manche, son expression s’adoucit.
– Les gens ont le droit de savoir ce qui se passe, dit-il. Votre argumentaire se réduit à estimer que les gens ne sont pas assez intelligents pour trouver un moyen d’utiliser la vérité.
– Est-ce que quelqu’un s’est servi de quelque chose que vous avez diffusé autrement que comme excuse pour abattre quelqu’un qu’il n’aimait pas avant ? Si vous leur donnez une raison supplémentaire de le faire, ça ne les empêchera pas s’entretuer, dit Miller. C’est vous qui avez déclenché ces guerres, capitaine, mais ça ne signifie pas que vous êtes en mesure de les stopper.
Avec deux personnages aussi différents, j’ai trouvé que les auteurs donnaient une belle consistance au récit. J’avoue avoir beaucoup aimé le personnage de Miller : un flic désabusé mais humain qui, connaissant comment fonctionnent les gens, est un bon enquêteur et qui dans ce récit va frôler la folie. Je l’ai trouvé touchant et très juste, c’est ce coté du récit que j’ai préféré. Holden, je l’ai trouvé un poil agaçant avec sa vision étriquée des évènements et ça manière de voir tout blanc ou tout noir. L’information pour tous sans aucun filtre, n’est pas toujours la meilleure solutions. Je vais finir par préférer les antihéros pragmatique aux jeunes idéalistes qui ne savent jamais décider.
De bout en bout, j’ai particulièrement aimé que Thierry Blanc arrive très distinctement à donner une voix à chacun. Le récit n’en est que plus vivant.
Étonnement, ce premier tome ce suffit à lui même puisqu’il a une fin à part entière. Je dirais que même s’il ne révolutionne pas le genre du space opera, L’éveil du Léviathan est un récit très accessible, qu’on soit fan ou non de SF. Le coté polar associé à une rencontre du 3e type rend l’intrigue prenante du début à la fin. Je ne regrette absolument pas d’avoir découvert cette série en audiolecture, encore une fois Audiolib propose un livre audio de grande qualité. J’avoue que les 900 pages (format poche) me faisait un peu peur mais, en fait, il s’audiolit très bien et je pense qu’il se lit aussi très facilement.
Rdv sur le blog pour la chronique des prochains tomes qui sortent dans les prochains mois chez Audiolib. Le tome 2 : La guerre de Caliban vient de paraitre le tome 3 : La porte d’Abaddon sort mercredi.

Originalement cette lecture était prévue pour mon challenge estival #SSW mais j’ai eu un peu de retard dans la rédaction de ma chronique…

J’ai beaucoup aimé la série télé alors je me laisserai surement tenté par les livres un jour 🙂
Merci pour cet avis.
bonjour
je trouve que la série tv est de fort belle qualité et qu’on ne loue pas assez cette création .
a l’heure de dune et de fondation, the expanse reste pour moi sous-estimé même pour sa série de romans un peu fastidieuse par son côté « pavé »
J’ai beaucoup aimé la série TV… mais j’ai eu plus de mal sur le livre, je l’ai trouvé un peu sec, un peu aride, j’avais du mal à reprendre ma lecture quand je la coupais. L’aspect pavé qui d’habitude ne me gêne pas m’a vraiment ralentie, c’était un peu laborieux. Je n’ai pas ressenti la magie que j’avais éprouvée à l’écran; peut-être que sur ce coup, la lecture audio aurait vraiment été bénéfique ! Je ne suis pas hyper pressée de lire les autres tomes, par contre les audio lire, ça pourrait être une tentative intéressante.
Cela dit, j’ai beaucoup aimé Miller aussi, c’est vraiment mon personnage favori de la série. Holden oui, il a une tendance « tête à claques » parfois !
Je n’y connais absolument rien en SF, mais je ne m’attendais pas à avoir une intrigue qui porte sur des questions davantage scientifiques, philosophiques et éthiques. En cela, j’ai trouvé l’histoire autour de la protomolécule fort prenante.
Il me semble avoir lu le livre mais mon souvenir est très flou…. Je vise plus la série TV pour le coup ^^
Pas sûre que je lise cette série un jour (son adaptation me suffit) mais je note le nom du lecteur ^^
(et Holden je l’appelle généralement Jon Snow, c’est tout un programme 😄)
Bonjour…
En fait, The Expanse est une saga qui se démarque de manière très nette, mais peut-être faut-il lire tous les tomes pour le percevoir clairement (et cet aspect n’est pas vraiment creusé dans la série télé). D’abord, la construction du héros : un homme singulièrement vulnérable ; un « flamboyant imbécile » et un « type bien », dixit Avasarala… Bref, à l’opposé des schèmes virils classiques. Les autres personnages masculins sont d’ailleurs tout aussi nuancés – et les femmes, en face, jamais caricaturales. Euphémisme, en fait j’ai rarement vu une telle galerie de personnages féminins aussi subtilement composés.
Et d’autre part, la finesse des notations émotives y est absolument fascinante (je relis l’intégrale régulièrement, rien que pour ça). Tout comme les dynamiques psychologiques, sociales et politiques qui agitent cette humanité désormais partagée entre les spatiaux et les terrestres… mais ça, bien qu’inventif et cohérent, c’est moins original.
Bref, le « motif dans le tapis » de l’ensemble en fait une œuvre tout à fait remarquable, mais c’est bien la caractéristique de ce genre de disposition… de ne pas se laisser saisir si facilement 🙂