Demain le jour de Salomon de Izarra

Roman paru aux éditions Mnémos sous le label Mu, c’est le troisième livre de l’auteur. J’avais repéré le roman à sa sortie et la chronique de Au pays des cave trolls m’avait donné envie de me plonger dans ce roman fantastico-historique.

Car les monstres se cachent la nuit…
France, 1936. Le bruissement d’une nouvelle guerre se fait entendre. Un train traverse les Vosges mais n’arrivera jamais à destination. De la carcasse encore fumante, alors que la nuit tombe, trois survivants trouvent refuge dans un petit village abandonné, au creux de la forêt, au milieu de nulle part.
Accueillis par le maire, harcelés par des créatures mystérieuses, ils sont pris au piège et devront plonger dans les souvenirs les plus sombres de leur vie pour découvrir les raisons de leur présence en ces lieux.

Demain le jour prend place en 1936. Après un terrible accident de train, trois rescapés se retrouvent livrés à eux même en pleine campagne vosgienne. Alors qu’ils se décident à rallier un village aperçu non loin avant l’accident, nous plongeons dans les souvenirs de chacun. A tour de rôle, nous découvrons les souvenirs des trois protagonistes remontant jusqu’aux prémices de la première Guerre Mondiale, tout en découvrant la situation particulière du village dans lequel ils se réfugient.

Curieusement, personne n’aime les salauds, mais il faut croire que les salauds aiment tout le monde. Je ne parle pas de ceux que l’on croise au quotidien, que l’on affuble de ce substantif par paresse ou commodité. Non : je parle bien de ceux qui méritent leur S majuscule, le genre capable d’imposer discrètement leur impulsion dans la société tout en restant dans l’ombre. C’est un art de marionnettiste, qui réclame une méchante capacité à distinguer et à tirer les bonnes ficelles avant les autres.

L’ambiance est sombre et brumeuse voire un peu poisseuse. On imagine bien la brume recouvrant la forêt vosgienne et nos trois protagonistes à peine visibles dans cette purée de poix. L’auteur a une plume très littéraire et nous propose une belle ambiance dès le départ. Au début, j’ai aimé les changements de points de vues que nous propose l’auteur, le basculement de vision entre les trois personnages auraient pu donner beaucoup de relief au récit. Et pourtant, changements de points de vue associés à un retour dans le temps, c’est un peu la mort du rythme d’un récit.

Ce rythme décousu m’a plusieurs fois sorti de l’histoire. Alors que le présent est l’arrivée des trois protagonistes principaux dans un petit village vosgien au prise avec un mal mystérieux, on se retrouve catapulté 15 ans en arrière à Paris et j’ai fini par trouver ces changements trop capricieux et n’apportant que peu au récit que je pensais principal. J’ajouterai également que le traitement des trois personnages principaux très inégal rend le récit bancal : alors que Paul prend toute la place, Armand arrive encore à exister mais le récit de Suzanne en devient plus ou moins inaudible.

Nous étions maintenant coincé ici, dans ce petit patelin isolé et, de surcroit, entourés de monstres. J’ai encore du mal à prononcer cette phrase sans sentir ma raison perdre pied… Bref. Ainsi, je suis parvenu à quitter ma prison pour me retrouver dans une autre, infiniment plus terrible, et paranormale !

Dernier point désagréable : le traitement des figures féminines. Commençons par Suzanne qui pourrait être un personnage intéressant mais qui manque cruellement de profondeur : il ne suffit pas de sous-entendre qu’un personnage a beaucoup souffert et qu’elle s’en ai sorti pour que cela prenne corps dans le récit. Mais le plus dérangeant est le traitement des différentes figures maternelles qui se révèlent toutes dysfonctionnelles souvent au plus haut point (maltraitances physiques et psychologiques). Le trait est un peu gros voire caricatural et en devient également redondant.

Clairement l’idée du récit me tentait beaucoup et j’ai aimé le côté « présent » du roman avec un beau coté fantastique qui aurait pu se suffire à lui-même. Malheureusement, les allers-retours temporels entre différents personnages ont eu raison de mon immersion et j’ai fini ma lecture en mode « je veux avoir le fin mot de l’histoire » qui, en plus, ne m’a pas convaincu.

5 commentaires

  1. « qui, en plus, ne m’a pas convaincu » : ah, mince, ça fait beaucoup de négatif, ce qui est rare dans cette collection. J’allais proposer de ne lire que les parties du présent pour en faire une bonne novella, mais même pas du coup. 😅

  2. Arf dommage ! C’est vrai que les changements de point de vue, souvent, c’est un exercice un peu délicat à gérer. Bon vu le traitement des personnages féminins, je passerai mon tour ^^

Laisser un commentaire