Après un été entre bricolage, repos et visites de l’Ariège, je reprends le chemin du blog pour vous parler d’Eversion d’Alastair Reynolds. Sortie en début d’année aux éditions Le Bélial’, Eversion est un roman d’exploration entre le roman maritime et le Space Opera. Pour moi, c’est aussi mon premier rattrapage pour le prix Planète-SF 2023.
Début du XIXe siècle. Silas Coade est médecin à bord du Demeter, une goélette affrétée par un riche commanditaire pour explorer le nord de la Norvège afin de découvrir une ouverture menant à un mystérieux édifice au fond d’un fjord. Mais peu avant d’atteindre son but, le bateau subit une terrible avarie conduisant à la mort de tout l’équipage.
Je laisse tomber l’idée de faire un résumé d’Eversion dans ma chronique, d’ailleurs lire le 4e de couv’ ne me semble pas des plus avisé, mieux vaut, cher.e lecteurice que tu te laisses embarquer par ce roman de Space Opera maritime sans a priori ni trop d’idées sur le type de récit qui le compose. Alastair Reynolds, auteur de Hard SF britannique, nous propose avec Eversion un one-shot atypique et accessible sous forme d’un court roman de seulement 300 pages.
Par curiosité, si vous souhaitez savoir d’où vient le titre du roman (Alastair Reynolds reste un auteur de Hard SF) :
Eversion : En mathématiques, et plus précisément en topologie différentielle, le retournement de la sphère (ou éversion de la sphère) est une transformation faisant passer l’intérieur d’une sphère à l’extérieur dans l’espace usuel à trois dimensions, en autorisant la traversée de la surface par elle-même, mais en interdisant la formation de plis. Le fait qu’un tel processus soit possible a un caractère surprenant, ce qui fait que l’existence de ce retournement est parfois connue aussi sous le nom de paradoxe de Smale, d’après Stephen Smale qui le découvrit en 1958.
Mon récit était tel que j’en gardais le souvenir jusqu’au moment où son débit s’était tari et où ma plume avait tracé une ligne de points de suspension – les racines depuis lesquelles il remettarait des bourgeons lorsque l’inspiration me saisirait une fois de plus. Toutefois, ce feuillet arraché présentait désormais un ajout. Superposés sans pitié au texte préexistant, trois mots se détachaient, si marqués qu’ils en paraissaient gravés :
Inversion !Inversion !
Éversion !
Dépaysant au possible et aussi étonnant dans sa construction que dans son final, Eversion est une énigme que l’on a plaisir à voir se dévoiler couche après couche, récit après récit. Le seul bémol pour moi, et c’est déjà le reproche que je faisais à l’auteur lors de ma lecture de Janus, ce sont ses personnages. Bien qu’ils soient travaillés, il y a toujours un moment où ils finissent par me sortir par les yeux, surtout les personnages principaux. Je n’ai pas mis exactement le doigt sur ce qui me saoule à chaque fois mais ça ne rate pas. Je dois concéder que dans ce roman, j’ai cependant beaucoup aimé le personnage secondaire du Colonel Ramos. Bref, pour moi c’est le point faible du roman, ce qui n’empêche pas Alastair Reynolds de proposer un récit maîtrisé, efficace et à la portée de tous.
Au final, Eversion est un roman de SF qui navigue avec beaucoup d’ingéniosité entre récit historique et science-fiction. Il en devient un roman très accessible même pour les néophytes en SF. J’apprécie de lire ce genre de roman court avec une intrigue aussi aboutie.
Eversion d’Alastair Reynolds
Traduction : Pierre-Paul Durastanti
Illustration : Amir Zand
Je comprends ton ressenti sur le bémol, mais je suis totalement d’accord avec ton qualificatif « dépaysant ». C’est à mon sens, un roman à mettre dans toutes les mains !
Complètement d’accord !
« il y a toujours un moment où ils finissent par me sortir par les yeux » : Et pourtant (heureusement), c’est un livre court. ^^’
Je n’ai pas le souvenir que les autres chroniques que j’ai pu lire évoquaient ce problème, mais de toute façon c’est surtout pour le récit et la surprise que j’ai envie de le lire. ^^
C’est un ressenti très personnel je pense mais c’est juste un bémol. Le récit vaut vraiment le détour.
C’est vraiment un roman à part dans la bibliographie de l’auteur et un livre tout simplement particulier qui est d’une beauté folle et très accessible.
Oui c’est très accessible pour un Alastair Reynolds et quel intrigue 😉
Bonjour Anne-Laure, pour découvrir cet auteur, tu conseilles de commencer par ce livre ou pas ? Merci. Agnès 😉
Ce roman est à part dans la bibliographie de l’auteur, unique et exceptionnel donc il faut le lire avant ou après avoir lu ses romans plus SF comme son Cycle des Inhibiteurs ou en format plus court La Millième Nuit.
Moi aussi j’ai du rattrapage à faire, je me cale la lecture de ce bouquin pour l’automne, j’en ai lu de très bons retours ! Dommage pour le bémol que tu as souligné, qu’est-ce que ça peut être agaçant quand des personnages comme ça nous énervent à un tel point ! Heureusement, le roman a l’air court et ça n’a pas trop entaché ton plaisir de lecture.
Je n’ai pas eu le problème concernant les personnages, mais sinon c’est clair que c’est un roman pour le moins dépaysant !
J’ai bien aimé aussi ce roman et je trouve chouette de le lire sans rien savoir dessus, ça rend la lecture très plaisante