Rose | House d’Arkady Martine

Arkady Martine est une autrice que j’ai découverte grâce à son excellente série Teixcalaan dont je vous ai parlé sur le blog : Tome 1 et Tome 2. A ma surprise, l’autrice est revenue aux éditions J’ai Lu avec une novella dans un tout autre univers : Rose|House. L’occasion de voir si la plume d’Arkady Martine fonctionne bien au format court.

Une maison dotée d’une intelligence artificielle, ça n’a rien d’extraordinaire. Mais une maison dont chaque poutre porteuse, chaque carreau de marbre abrite une entité pensante non humaine, c’est beaucoup moins courant. Depuis la mort de son génial concepteur un an plus tôt, Rose House est hermétiquement close, conformément au testament de l’architecte. Pourtant, l’IA signale à la police locale la présence d’un cadavre entre ses murs.
Comment cette personne a-t-elle pu s’y introduire ? Qui l’a tuée ? Rose House est-elle réellement vide ? L’IA est-elle fiable ? Telles sont les questions auxquelles va devoir répondre l’inspectrice Maritza Smith… de préférence sans y laisser la vie.

Rose|House est une novella d’anticipation qui se place dans un contexte de changement climatique : manque d’eau, voitures non individuelles électriques et voyage en avion accessible seulement à une frange privilégiée de la population. C’est le background que l’on devine à travers les 127 pages de cette novella même si rien n’est vraiment explicité. Le sujet vers lequel nous entraine l’autrice est tout autre : un meurtre dans une villa incarnée par une IA où personne ne peut pénétrer sauf la légataire du défunt propriétaire qui n’y a accès que 7 jours pas an. Vous vous imaginez un polar en mode huis-clos ? Et bien pas du tout. Ce meurtre n’est qu’un appât et l’enquête policière est assez vaguement menée.

La plus grande réussite architecturale de Basit Deniau est la maison dans laquelle il est mort.
Rose House se trouve dans le désert du Mojave, près de China Lake, lovée comme les pétales d’un cristal de gypse à l’ombre d’une dune, toute de verre trempé et de murs en stuc toujours plus incurvés, repliés sur eux-même. Un coeur labyrinthique, au battement électrique perpétuel. Deniau n’était pas le premier à mourir à l’intérieur. Désormais, il n’est plus le dernier.

Le personnage principal est en fait la maison. Construite par un célèbre architecte, à la fois prouesse architecturale et technologique, c’est aussi un mausolée qui attire les vautours à la recherche des secrets de l’IA et de son créateur. Arkady Martine questionne sur l’influence de l’architecture et de la domotique sur l’esprit humain. Comment une maison, son ambiance, son agencement, son aura associée à une IA peuvent rendre un lieu à la fois oppressant et irrésistiblement attirant. C’est une étrange spirale mentale dans laquelle les lecteurices sont happés à l’instar de l’enquêtrice qui découvre vite à quel point Rose|House est bien plus que la maison à l’écart de la ville qui faisait la une des magazines d’architecture. A ceci, l’autrice ajoute le poids de l’héritage et de l’ascendant que les personnes considérées comme des génies ont sur ceux qui les entourent même après leur décès.

« Selene. Basit ne t’aurait pas crue capable d’une telle impudence : cette porte n’est destinée qu’à une seule personne en vie. Toi. »

J’ai trouvé les thèmes abordés intéressants et l’atmosphère de la maison bien amenée. Cependant, le format novella impose des limites et ici l’histoire est clairement à l’étroit. C’est ma première lecture de l’autrice au format court et je ne suis pas sure que ce format soit le plus adapté à sa plume. Rose|House reste un texte avec du potentiel et les thèmes développés pourraient l’être dans un roman à part entière mais l’ensemble est un peu bancal et on sort de ce récit avec un sentiment mitigé.

Rose|House d’Arkady Martine

paru aux éditions J’ai Lu dans la collection Nouveaux Millénaires
traduction de Gilles Goullet
d’après une illustration de David Curtis

7 commentaires

  1. J’ai l’impression que tout le monde est d’accord pour dire qu’il y a de bonnes idées mais que ça n’est pas pleinement abouti. C’est dommage parce que le potentiel est vraiment tentant. Comme c’est une novella, il se pourrait bien que je la lise un jour quand même. ^^

  2. Malgré son format un peu étriqué cette Novella me tente beaucoup de part sa thématique et comme je sais aimer l’autrice, c’est du tout bon. Seul défaut : son prix ><

  3. La thématique est intéressante, mais si c’est étriqué, c’est typiquement ce que je n’aime pas dans les novellas, donc, next.

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