Replis d’Emmanuel Quentin

Ma deuxième lecture pour le challenge Summer Short Stories of SFFF est également un post-apo mais, à l’opposé de La ville peu de temps après de Pat Murphy et son post-apo utopiste, Replis d’Emmanuel Quentin fait plutôt dans le post-apo (très) noir avec une bonne touche de dystopie et de thriller.

La guerre des images a bien lieu. Tout est désormais sous contrôle d’un gouvernement autocratique. Une seule lueur d’espoir : savoir que vous pourrez vous assimiler à vos enfants quand la fin sera venue. Mais à quel prix ? Daniel Sagnes le connaît. Et quand vient le moment d’accueillir en lui la conscience d’un père qu’il déteste, il n’a d’autre alternative que la fuite.

Dans une société transformée par le changement climatique et tenue par un gouvernement despotique, la bataille de l’information ou plutôt de la désinformation bat son plein. Daniel Sagnes est bon dans son boulot, il monte des vidéos comme personne et peu leur faire dire à peu près n’importe quoi. Sans scrupule et égoïste, c’est une personne franchement antipathique, mais c’est aussi le fils d’un scientifique travaillant pour le gouvernement sur une programme particulièrement sensible : l’Assimilation. Un programme qui permet de transférer aux enfants la conscience de leur parents en fin de vie. Présenté comme un solution dans un monde en décrépitude, ce programme semble caché les véritables objectifs de ceux qui le finance.

C’est la plaie ! D’ordinaire, tu m’enfermes dans un pièce avec mes logiciels de retouche et ma table de montage, je suis le plus heureux des hommes. J’ai le truc. L’œil. Ce petit supplément d’âme qui me permet de trafiquer n’importe quelle vidéo à ma guise. Chacune se plie au pouvoir du TFTFFTFD, le tout faire, tout faire faire, tout faire dire. La falsification d’images hissée au rang d’art.

Un livre post-apo c’est souvent comme un boite de chocolats : on ne sait jamais sur quel récit on va tomber. C’est qu’il y en a pour tous les goûts et on a parfois des surprises. Avec Replis d’Emmanuel Quentin, on arrive sur un récit noir, voire très noir. L’apocalypse est venue, mais elle n’en a pas fini de détruire l’espère humaine et on se demande d’ailleurs si l’espère humaine mérite vraiment de s’en sortir : guerre et réchauffement climatique, les états se sont refermés sur eux-même et la grogne gronde à l’intérieur même de ceux-ci où certaines villes déclarent leur indépendance. Emmanuel Quentin nous propose un récit basé sur ce qui semble être une apocalypse climatique : les terre fertiles sont devenues des Terres Brulantes où sévit une maladie qui interdit toute culture, les habitants se regroupent alors dans des villes irrespirables entourées de bidonvilles. Le tableau est donc sombre (euphémisme) et Daniel Sagnes ne va pas aider le lecteur à reprendre confiance en l’Humanité.

Dans ce roman sans aucun temps morts, Emmanuel Quentin nous conte le récit d’un homme peu recommandable et encore moins sympathique qui va se retrouver au centre de toutes les attentions grâce à (ou à cause de) son patrimoine génétique. Replis est avant tout un récit sur l’Humanité et l’auteur n’en chante pas vraiment les louanges voire même la condamne sans rédemption possible. Écologie, traitement de l’information, militantisme et bio-technologies des thèmes que l’auteur égratigne à travers les yeux de son anti-héros. Le traitement des sujets est mené à 100 à l’heure : manipulation, trahison, secret tout y est pour ménager le suspense jusqu’à la dernière ligne.

A part Carmen, ils ont quand même la bonne humeur facile chez Action Solidaire. C’est louche.

En 300 pages, Emmanuel Quentin arrive à nous présenter les grandes lignes de l’avenir de la France et d’une partie de l’Europe tout en nous proposant une intrigue du style thriller avec une touche (hors style post-apo) résolument SF notamment lors d’un excellent twist final. Cependant, c’est également son point faible, l’auteur développe beaucoup d’idées intéressantes qui ne sont que survolées vu la longueur du récit. Personnellement j’ai apprécié ce one-shot et le fait de ne pas avoir toutes les cartes en main pour avoir une vision globale de la situation.

Replis est un roman post-apo dystopique punchy, efficace, noir de chez noir et bien construit pour une lecture sans temps mort. Si vous n’aimez déjà pas l’Humanité au sens large avant de lire ce roman, je pense qu’après lecture ce sera encore pire ! Mais Replis est un court roman qui vaut le détour et personnellement, j’aime beaucoup le design de sa sortie au format poche qui donne bien mieux la couleur de ce récit qui fait naviguer le lecteur dans les profondeurs de l’âme humaine.

9 commentaires

  1. Ce n’est pas le récit de l’auteur que j’ai préféré. Mais il faut lire Emmanuel Quentin, il est souvent original et surprenant dans le final avec des twists renversants. Sa nouvelle Céder la place en est l’exemple même.

  2. « Un livre post-apo c’est souvent comme un boite de chocolats : on ne sait jamais sur quel récit on va tomber. » : tiens, elle me dit quelque chose cette citation. 🤔 😄 (et c’est si vrai)
    Bon, c’est intéressant, mais je suis définitivement plus « La ville peu de temps après », brrr. ^^’

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