✨ Les maitres enlumineurs de Robert Jackson Bennett

Cette année, les éditeurs de l’Imaginaire nous ont préparé un programme de sorties assez fou. Dans les sorties qui me hypaient le plus il y avait un nouveau roman de Robert Jackson Bennett. Après avoir adoré American Elsewhere et avoir été scotchée par Vigilance, j’avais hâte de découvrir Les maitres enlumineurs qui vient de paraitre fin Mars chez Albin Michel Imaginaire.

Avec en guess-star le sceau de Rue de Minuit !

Toute l’économie de l’opulente cité de Tevanne repose sur une puissante magie : l’enluminure. À l’aide de sceaux complexes, les maîtres enlumineurs donnent aux objets des pouvoirs insoupçonnés et contournent les lois de la physique. Sancia Grado est une jeune voleuse qui a le don de revivre le passé des objets et d’écouter chuchoter leurs enluminures. Engagée par une des grandes familles de la cité pour dérober une étrange clé dans un entrepôt sous très haute surveillance, elle ignore que cet artefact a le pouvoir de changer l’enluminure à jamais : quiconque entrera en sa possession pourra mettre Tevanne à genoux. Poursuivie par un adversaire implacable, Sancia n’aura d’autre choix que de se trouver des alliés.

Les maitres enlumineurs est le premier tome de The Founders trilogy. Une trilogie de Fantasy épique qui au premier abord apparait plutôt classique mais ce serait mal connaitre l’auteur que de s’arrêter à cette idée. En effet, pour avoir lu plusieurs écrits de Robert Jackson Bennett, l’auteur aime jouer avec les classiques et y insuffler sa patte. Les maitres enlumineurs ne fait pas exception à cette règle et encore une fois, j’ai été complètement happée par le récit que l’auteur m’a proposé.

Tevanne est une ville marchande dont l’économie est basée sur la création et l’utilisation d’enluminures ainsi que sur les fonderies qui permettent de créer ces enluminures. Des symboles complexes qui permettent d’imposer aux objets une autre réalité du genre faire croire à une roue qu’elle est sur une pente descendante afin qu’elle avance seule. Tevanne est également une ville coupée en deux : d’un coté les grandes familles marchandes qui vivent retranchées dans les beaux quartiers et de l’autre le reste du monde qui tente de survivre des miettes laissées par les quatre familles marchandes : pas de justice, pas de service public, aucune autorité. Dans cette ville, Sancia est une des meilleurs monte en l’air et c’est en pleine mission que nous la découvrons. A travers ses yeux, l’auteur nous fait découvrir cette ville aux multiples secrets mais également l’histoire plus vaste d’un monde qui se reconstruit.

Toute chose a son prix. Parfois, on le paye en écus ; parfois en temps et en sueur. Et il arrive qu’on le paye en sang. Le sang est, semble-t-il, la monnaie préférée du genre humain. Et nous ne regardons jamais à la dépense, hormis lorsqu’il s’agit du nôtre.

Ce que j’apprécie particulièrement chez Robert Jackson Bennett c’est son écriture fluide pour un récit qui devient vite addictif . On peut qualifier son style de simple, moins je dirais juste qu’il est très abordable ce qui contribue justement au coté addictif car c’est aussi un page turner efficace parsemé de pointes d’humour piquant.

Avec les maitres enlumineurs, on est embarqué dès les premières pages et l’auteur sait s’y prendre pour construire son univers en partant d’un style de Fantasy plutôt basique, enfin épique, pour y ajouter de nombreuses touches allant du post-apo au cyberpunk. Ma curiosité a été vite aiguisée par la découverte des sceaux et enluminures sur lesquels reposent l’économie de Tevanne : ce « système de magie » étonnant, à la fois simple et complexe, mais j’ai aussi été intriguée par la politique en vigueur à Tevanne.

En Fantasy, les récits sont souvent basés sur un régime monarchique et on s’intéresse beaucoup aux questionnements moraux d’un individu (je généralise bien sûr, il y a évidemment des contre-exemples). Dans son roman, Robert Jackson Bennett prend le parti de parler de déontologie, de développement technologique et de sa répartition auprès des populations. Que ce passe-t-il quand les développements technologiques sont aux mains d’une élite et qu’ils ne profitent pas à tout à chacun ? Une ville sans lois et sans police où la justice n’est appliquée qu’au plus au niveau dans une démarche de neutralité commerciale.

Tomas Ziani était richissime et avait la réputation d’être un négociant rusé – mais aucunement un enlumineur. En matière de sceaux, il n’aurait pas fait la différence entre son propre cul et un trou dans le sol.

Des thématiques plutôt SF donc qui enrichissent un univers Fantasy en lui apportant des réflexions : politiques et sociale sur fond de découvertes technologiques. On peut même voir les objets enluminés comme des IA plus ou moins sophistiquées. L’auteur questionne alors sur leur identité et la possibilité de posséder de tels objets. Un coté post-apo transpire également dans la dernière partie du roman. Tevanne n’est qu’un pâle reflet technologique de ce qui a existé autrefois. Un empire s’est effondré sans que l’on en connaisse la raison et la ville s’est construite à partir des restes de cette civilisation. Sans parler d’une petite pointe zombiesque à la fin du récit 😉

C’est clairement une association des genres réussie tout comme c’était déjà le cas dans American Elsewhere. J’ai beaucoup aimé le mélange des thématiques politiques et sociales sur fond de guerre commerciale et d’espionnage industriel que l’on découvre tout au long de ce premier tome. J’ai peu parlé des personnages principaux parce que même si j’ai apprécié découvrir Tevanne à travers eux, c’est la fresque dans son entier qui est passionnante à lire.
En bref, Les maitres enlumineurs est un excellent page turner et un livre de Fantasy original. Je sais que je suis particulièrement bon public mais moi j’adore ces récits façon puzzle où beaucoup de choses sont à découvrir et où la déontologie face aux progrès technologiques sont frontalement abordés. Bref, un coup de cœur mais avec Robert Jackson Bennett c’est presque une habitude 😉

Pour poursuivre, je vous conseille l’interview de Robert Jackson Bennett chez Elbakin.net.

14 commentaires

  1. Contente qu’il t’ai plu !
    Il faut vraiment que je le relise de mon coté, le T2 est sorti en VO il y a déjà un moment et le T3 arrivera surement l’an prochain ce qui me laisse une petite marge (j’aime bien pouvoir enchaîner une trilogie comme ça, lors de la sortie du dernier tome xD)

    En tout cas moi ce que j’espère c’est que ça continuera à avoir du succes et que l’autre trilogie de l’auteur finira aussi par être traduite !

  2. Attention, question impossible pour dissimuler le fait que je n’ai pas encore découvert l’auteur : si un nouveau livre de Robert Jackson Bennett et un nouveau livre de John Scalzi paraissent en même temps, tu commences par lequel ? 😏

  3. Ravie de voir que tu partages mon coup de cœur !
    J’ai aussi adoré sa plume addictive, qui embarque dès le premier chapitre, dans nous relâcher après.
    J’avoue que j’ai vraiment trouvé l’univers original avec tous ses mélanges et influences. Les personnages m’ont un peu moins marquée.
    Mais vivement la suite cet automne !

  4. Je vois bien qu’il est chouette. Ton avis rejoint d’autres aussi élogieux. Mais j’attendrai quand même que les trois tomes soient sortis en VF pour le lire ^^
    J’ai American Elsewhere sur ma PaL, je commencerai par celui-là d’abord.

  5. Jolie chronique! On ressent pleinement ton enthousiasme. J’ai beaucoup aimé également même si j’ai mis un peu de temps à rentrer dedans contrairement à toi.

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